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Péleriner avec Maurice Denis


Comme aimait le faire Maurice Denis, que penseriez-vous d’une flânerie en Yvelines, allant de l’église Sainte Marguerite du Vésinet au musée du Prieuré de Saint-Germain-en-Laye ?

maurice-denis-portraitPortrait de Maurice Denis (détail du tableau)

Né en 1870 à l’ouest de la Normandie – à Granville précisément – Maurice Denis arrive, vers l’âge de 10 ans, à Saint-Germain-en-Laye qu’il ne quittera plus.

Sa conception de la peinture peut étonner. Pour lui, elle est un art essentiellement religieux qui s’oppose au monde de l’argent, des hommes en redingote noire et hauts de forme, des usines et cheminées qui remplacent les clochers des églises.
Il a découvert la couleur sous l’influence de Gauguin. Il est de son temps dans ses aplats japonisants, ses arabesques décoratives issues de l’Art nouveau.
Il découvre l’Italie en 1895 et rêve des Primitifs. Il retourne en Ombrie sur les traces de Saint François d’Assise en 1910. Et il écrit : “Il n’est pas facile de faire de l’art religieux, ni de prêcher, surtout aux oiseaux, je veux dire aux âmes simples… Je crois que l’art a pour mission de chanter comme notre sœur l’alouette, et comme notre sœur la cigale – chanter et même prêcher”.

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Les pèlerins d’Emmaüs

Travailleur infatigable, il convoque la Vierge et Elisabeth, le Christ et les apôtres dans les jardins des Yvelines. Dans la toile « Les pèlerins d’Emmaüs », nous sommes plongés dans un paysage d’Ile-de-France avec ses peupliers et ses tilleuls, dans une lumière d’automne. Pas d’auréoles sulpiciennes ni de gloire théâtrale. Seule, une tunique de lin blanc illumine deux femmes et deux hommes de chaque côté, au bord de l’espérance.

Avec Georges Desvalières, Maurice Denis crée les Ateliers d’Art Sacré. Il veut clamer que Dieu est beau, porter la parole du Christ dans notre quotidien, montrer que « l’art sanctifie ». Il nous invite à regarder le ciel, les arbres, les fleurs, dans son beau jardin du Prieuré, la lumière, les moissons… à ouvrir les fenêtres, à admirer « la nature fille de Dieu ». Il soutient que « n’est religieux en art que ce qui est vivant, que ce qui jaillit de la sensibilité de la piété de l’artiste ».

Dans les chapelles de l’église Sainte Marguerite du Vésinet, on retrouve ce chant souvent inspiré du « Cantique des Cantiques », hymne à la nature inscrit dans notre terre.

Pour terminer notre flânerie avec Maurice Denis, on peut relire la mise en garde qu’il avait jadis adressée : « La plupart des hommes, indifférents aux beautés de la nature qu’ils détruisent, se passionnent pour les spéculations et surtout pour les applications des sciences. Le monde nouveau qu’on est en train de découvrir pourrait bien se passer d’artistes. L’art tend à devenir une sorte de divertissement mondain, une dépendance de la mode ».

C’était là une vision pessimiste. Fort heureusement, les artistes sont toujours parmi nous.
Lien avec un autre article sur le Prieuré de Maurice Denis : à venir

mauricedenis-bretagne.jpgPaysage marin de Bretagne

On pourra lire :
Nouvelles théories sur l’art moderne et sacré, 1914-192, Maurice Denis.
Charmes et leçons de l’Italie, Maurice Denis
Maurice Denis, les couleurs du ciel, Frédéric Martinez

Musée départemental Maurice Denis
2 B, rue Maurice Denis à Saint Germain en Laye.
Du mardi au vendredi de 10 h à 17 h
Samedi, dimanche et jours fériés de 10 h à 18 h 30.
01 39 73 77 87
Biographie pour en savoir plus sur le site du musée.

Monique Andreeff