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Une semaine pour vivre un jeûne … nourrissant


Chatou et plusieurs paroisses des Yvelines organisent une semaine de jeûne pendant le Carême

A Chatou, plus d’une centaine de personnes – parmi lesquelles une équipe de jeunes de l’aumônerie – se sont retrouvées dimanche soir pour accompagner dans la prière les quelque 80 paroissiens inscrits à la semaine de jeûne proposée pendant le Carême par l’Equipe d’Animation Pastorale depuis six ans maintenant.

 

Une démarche communautaire

Mais de quel jeûne s’agit-il ? On pourrait s’en douter, il ne s’agit pas d’un jeûne à visée thérapeutique, diététique … ou esthétique ! Il ne s’agit pas non plus d’un exercice d’ascèse personnelle où l’on voudrait se prouver quelque chose à soi-même. La semaine de jeûne  proposée par la paroisse est d’abord une démarche communautaire : chaque soir, les 80 jeûneurs, entourés d’autres paroissiens les accompagnant dans la prière, se retrouvent à 20 heures pour un temps de prière et d’adoration. A l’issue de ce temps, les jeûneurs se retrouvent pour partager autour d’une infusion ce que chacun a vécu ou expérimenté pendant la journée, avant de recevoir une boule de pain complet de 500g qui les nourrira le lendemain. Toutes les générations sont représentées, avec un nombre important de jeunes. Comme disait Ségolène, une jeune étudiante en philosophie rencontrée à l’issue de la soirée, « c’est la troisième fois que je participe à la semaine de jeûne proposée pendant le Carême et je l’attends avec joie. C’est important pour moi de vivre ce temps en communauté avec d’autres membres de la paroisse, de nous retrouver ainsi chaque soir pour prier. C’est l’occasion pour moi de faire le vide pour pouvoir être disponible et recevoir autrement ».

 

Une aventure

Même si la ration de pain, complétée par de l’eau et des infusions à volonté, est amplement suffisante pour se sustenter, cette semaine de jeûne constitue une aventure qui marque les corps et les esprits. Pour certains, c’est l’occasion de riches échanges avec les collègues de travail ou les copains de fac en leur expliquant pourquoi ils ne les rejoignent pas pour le déjeuner. Pour d’autres, c’est l’expérience, surtout les deux premiers jours, de faire un constat de pauvreté en sentant les neurones tourner parfois à vide, “comme si on avait la tête sous l’eau”. Pour d’autres encore, c’est une façon d’expérimenter ce que vivent tant d’autres personnes condamnées à manger la même nourriture jour après jour.

 

Pourquoi jeûner ?

Lors de la soirée de lancement le dimanche soir, le Père Olivier Plainecassagne, curé de la paroisse de Chatou, a rappelé les fondamentaux de ce jeûne en répondant à la question « pourquoi jeûner ? ». Il a donné trois raisons qui peuvent servir de piliers à la démarche :

  • « L’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole sortant de la bouche de Dieu » : cette affirmation de Jésus dans le récit des tentations (Mt 4, 4), la semaine de jeûne donne aux jeûneurs la possibilité d’en faire l’expérience concrètement : découvrir que la Parole de Dieu nourrit et que c’est une nourriture savoureuse. Les Pères de l’Eglise en faisaient déjà l’expérience quand ils parlaient de la ‘manducation de la Parole’. Ainsi, en éprouvant une petite sensation de faim à certains moments de la journée, les jeûneurs sont invités à la transformer en faim de la Parole divine. Et avant de couper quelques tranches de pain pour le repas, il leur est suggéré de commencer par prendre un temps de prière en relisant telle ou passage de la Bible : occasion de vivre cette tempérance prônée par le pape François dans l’encyclique Laudato Si’ et d’en goûter les bienfaits en prenant conscience qu’avec la conversion écologique, ‘moins, c’est plus’ (§ 223).
  • Le jeûne se traduit par une privation d’aliments, certains importants pour l’organisme, d’autres agréables au palais. Cette privation permet de revenir à l’essentiel, de purifier et de de rééduquer nos désirs, nos besoins, nos plaisirs en les décentrant de notre cher ‘moi’ pour les réorienter vers Dieu et vers nos frères, vers l’Autre et vers les autres.
  • En cette année de Jubilé de la Miséricorde, il est opportun enfin d’associer le jeûne à la dimension du partage : occasion de prêter une attention accrue à celui qui souffre près de chez nous et que nous ne remarquons pas. Quand le jeûneur ressent un creux dans son estomac, il devient plus sensible, plus perméable, sa carapace se fragilise. Et si cette petite faim ressentie devenait pour chaque jeûneur une chance à saisir pour devenir plus miséricordieux et laisser son ‘cœur de pierre devenir cœur de chair’ ? A ce propos, le Père Plainecassagne a proposé aux participants de relire pendant la semaine l’évangile du Bon Samaritain (Lc 10, 25-37).

Cette semaine de jeûne rapproche ainsi les jeûneurs de tous ceux et celles qui sont en situation de faiblesse. Comme eux et avec le psalmiste, ils peuvent s’écrier « Je suis pauvre et malheureux, mon Dieu, viens vite. Tu es mon secours, mon libérateur » (psaume 69). Comme le dit le pape François, « touchés jour après jour par sa compassion, nous pouvons nous aussi devenir compatissants envers tous » (Bulle d’indiction du Jubilé de la Miséricorde, ch. 14).