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Sainte Bernadette ou « Heureux, vous les pauvres »


La vie et la sainteté de Bernadette sont un appel à la pauvreté du cœur, celle qui conduit au Royaume de Dieu. Mise à l’honneur à Lourdes cette année pour le 175ème anniversaire de sa mort et fêtée le 18 février, retrouvons ici le sens de son humble vie.

La pauvre Bernadette

Un des vitraux de l’église Sainte-Bernadette de Versailles

De sa naissance au moulin de Boly, il y a 175 ans, à sa mort trente-cinq ans plus tard, en passant par le sinistre « cachot », où elle fut un temps hébergée, Bernadette aura connu l’extrême pauvreté, la maladie et des humiliations de toute sorte.
A la grotte, lorsque la « Dame » lui demande de boire à la fontaine et de s’y laver, elle ne voit qu’un peu de boue. Pourtant, elle creuse avec ses mains et c’est en toute humilité qu’elle boit ce liquide trouble et s’en passe sur le visage.
Tout au long de sa courte vie, rongée par l’asthme et la tuberculose, assaillie de vexations, elle va garder cette attitude de foi et de parfaite humilité. Sans murmurer, elle entendra l’évêque la traiter de « Bonne à rien », au moment de sa profession religieuse.
Fidèle à transmettre ce qu’elle avait vu et entendu, sans jamais interpréter, Bernadette opposait des paroles simples, mais fermes à ceux qui doutaient. « J’ai dit la vérité, eux disent des mensonges ». Sa mission accomplie, elle s’est retirée dans la prière et dans le modeste travail que lui permettait sa santé ; elle est entrée à 22 ans au couvent des Soeurs de la Charité de Nevers. Jamais elle ne voulait se mettre en avant et si on lui demandait de toucher un objet pour en faire une relique, elle se dérobait.
Comme Jean-Baptiste (Mt. 3,11), elle s’efface devant sa mission, celle de passer le message de la Vierge : « J’ai dit des choses, […]. Je peux avoir oublié et les autres peuvent avoir oublié. Ce qu’on écrira de plus simple sera le meilleur ». 
Les quatre derniers mois de sa vie, Bernadette subit des souffrances extrêmes qu’elle identifiera elle-même comme une passion. « Je n’aurais pas cru qu’il faille tant souffrir pour mourir ». Pourtant, elle demande pardon de tant se plaindre et dit qu’elle est soignée comme une princesse. Peu à peu, elle se dépouille de tout, ne gardant qu’un crucifix : « Celui-ci me suffit » Elle étend les bras vers lui : « Mon Jésus, oh que je l’aime ! ». Ses dernières paroles sont pour qu’on lui pardonne et qu’on prie pour elle.
Au cours de ces trente-cinq ans, elle sera passée par toutes les formes de pauvreté. Pauvreté matérielle, abaissement, humiliations acceptées devant les autorités, dépouillement de tout au moment de sa mort. Jamais elle ne s’est attribué les dons de Dieu.

Heureux, vous les pauvres

La pauvreté matérielle conduit au Royaume de Dieu dans l’Évangile selon Saint Luc (Lc. 6, 20), tout comme la pauvreté de cœur dans l’Évangile selon Saint Mathieu (Mt. 5, 3). Cette pauvreté de cœur, opposée de l’orgueil, l’ancien Testament l’identifiait déjà comme le chemin vers Dieu. Le Livre de Sophonie évoque « … la population humble et pauvre qui se réfugiera dans le Seigneur ». Les psaumes disent que « Le Seigneur […] est proche du cœur brisé, il sauve l’esprit abattu » (Ps. 34 (33) , 18-19), ou que le Seigneur exauce les pauvres (Ps. 69 (70), 34).
C’est cette pauvreté, « la vie humble, cachée et de renoncement » que, lors de la canonisation de la sainte, le Pape Pie XI mettra parallèle avec celle de Jésus. En se disant « doux et humble de cœur » (Mt. 11, 29), il résumait l’essentiel du message évangélique. « Après dix-neuf siècles, sainte Bernadette vient encore rappeler cette grande leçon à un monde où sévissaient l’arrogance de l’esprit, la superbe du cœur et le mépris de l’humilité, la petite sainte de Lourdes a été un parfait modèle de douceur et d’humilité. »

La démarche des pèlerins

Refaisant, en toute humilité les gestes de la petite paysanne, les pèlerins se souviennent des paroles du Christ invitant les petits et les humbles de cœur à venir à lui. « Laissez venir à moi les petits enfants, car le Royaume des cieux est pour ceux qui lui ressemblent » (Mt. 19, 14). « Bienheureux les pauvres en esprit car le Royaume des cieux est à eux » (Mt. 5, 3). Portés dans une démarche de prière et de pénitence, celle-là même que demande la Vierge de Lourdes, ceux qui vont à la grotte se reconnaissent petits devant Dieu pour recevoir la grâce de la guérison du corps et de l’âme.
A l’image d’Abram, le pèlerin est mis en route par la foi que la Parole de Dieu a mis en lui. Sa terre promise est éclairée par la Vierge Marie nous conduisant vers le Christ. La route est balisée par Celui qui a dit « Je suis le chemin » (Jn. 14, 6). Prendre le chemin du Christ, c’est cultiver le don de la foi dans un chemin de conversion personnelle jour après jour. C’est avancer avec, dans et par l’Église, en passant par la prière communautaire et par les sacrements.
Partir, changer de lieu à l’appel du Seigneur, est une constante biblique. A l’image de l’Exode, le pèlerinage est signe du désir d’adhésion à l’Alliance et de purification. Déjà Jésus était fidèle aux montées à Jérusalem à l’occasion des fêtes rituelles (Cf. Lc 2, 41). Aujourd’hui, la perspective du pèlerinage n’est plus la ville sainte, mais le Christ lui-même qui nous ouvre le chemin, lui qui s’est fait chemin pour nous conduire vers le Père. C’est en Lui qu’il nous faut marcher, nous dit St. Paul (Cf. Col 2, 6).
Avec le Christ, tête de l’Église, c’est en Église que nous pouvons avancer, aidés par Marie, « la première en chemin ». Et c’est bien ce que nous sommes invités à vivre à Lourdes : nous allons à la rencontre du Christ, avec et par Marie, l’humble servante du Seigneur (Cf. Lc. 1, 48).

Pour aller plus loin

Pèlerinage diocésain à Lourdes du 22 au 27 avril 2019 : S’inscrire avant le 15 février
« Heureux, vous les pauvres » : thème pastoral de l’année 2019
« Heureux vous les pauvres » une parole, un défi pour aujourd’hui.
Heureux les pauvres, selon les Sœurs de Paramé

Laurentin, René : Vie de Bernadette, Desclée de Brouwer, Paris, 1978 –
Lemaire, Jean-Pierre : Bernadette Soubirous, la plus secrète des saintes, L’âge d’homme, Lausanne, 2013