Logo diocèse de Versailles

Avec l’Arche en confinement : et si l’essentiel se trouvait dans la banalité du quotidien ?


Les foyers de l’Arche sont restés ouverts depuis le confinement, Amélie, responsable d’un des foyers, témoigne comment tous, chaque jour, choisissent de ne pas subir mais d’accueillir. Pour aider l’Arche, nous pouvons leur commander des fleurs…

La Communauté de l’Arche d’Aigrefoin située à St Rémy les Chevreuse accueille habituellement 80 adultes avec un handicap mental ; entre les différents foyers, l’Accueil de jour, l’ESAT et la boutique, c’est habituellement une vraie ruche.

Aujourd’hui les activités extérieures ont été arrêtées. 40 personnes accueillies et une vingtaine d’assistants sont confinées dans les 6 Foyers de l’Arche. Des mesures de distanciation ont été mises en place dès avant le confinement et la répartition en 6 lieux de vie distincts a facilité le respect des gestes barrière. Le lien est maintenu via une newsletter hebdomadaire aux familles, une chaîne téléphonique pour prendre des nouvelles, les applications WhatsApp entre les foyers, Teams pour les salariés en télétravail ainsi que par les réseaux sociaux.

Pour rompre la monotonie, les assistants font preuve d’ingéniosité pour créer des décors dans les foyers, fêter les anniversaires ou organiser des soirées à thème. La Semaine Sainte a aussi permis de bien rythmer le temps.

  

Activité “les tableaux prennent vie” : un tableau d’un peintre / 1 résidant mimant le tableau.

Les “cookies Saint-Jacques”

Mais ces pépites, relayées par internet et les réseaux sociaux sont certes précieuses mais ne doivent pas nous faire oublier que le quotidien reste souvent banal, parfois exigeant. Nous avons alors le choix de subir ou d’accueillir comme témoigne Amélie, responsable d’un des foyers de l’Arche :

“Alors que le monde entier traverse une période d’épreuve, je voudrais partager avec vous la flamme de l’espérance que je vis dans mon quotidien à l’Arche auprès des personnes atteintes de handicap mental.

Il est 16h30 et je reviens d’un temps de pause. Je rentre dans la cuisine du foyer et je découvre la cuisine littéralement maculée de chocolat et de farine, et, derrière un tas de vaisselle énorme, je vois deux petits gars, le sourire aussi grand que leurs moustaches de chocolat et que les coquilles d’oeuf laissées dans leurs gâteaux. « On a fait une surprise pour le goûter du foyer ! C’est des cookies Saint Jacques ! On les a mis dans le four mais on l’a pas mis en route, pas la peine de les faire cuire, on a goûté la pâte crue, c’est très bon ! »

Je me suis dit qu’il y avait 2 manières de prendre cet évènement :

1 : M’affoler en voyant l’état de la cuisine à récurer et donc, un peu subir l’évènement.

2 : Rendre grâce et m’émerveiller devant la surabondance de la situation et de la bonté de ces 2 personnes accueillies de mon foyer (Dieu est comme ça : il agit dans la surabondance !) et donc, de me servir de cette situation pour en faire une occasion d’aimer plus et de me laisser rejoindre par la générosité de Jérôme et Fabrice.

Vivre ensemble et servir

C’est un peu pareil pour ce temps de confinement. A chacun de trouver sa propre manière de vivre cette période, mais pour ma part, j’ai été marquée de voir qu’à l’Arche, nous avions d’un même coeur choisi de ne pas subir cette période, mais de nous en servir ! La communauté prend tout son sens dans cette période et donne le meilleur d’elle même. Nous sommes témoins d’extraordinaires gestes et initiatives de solidarité au sein de la communauté. Des bénévoles font nos courses, d’autres viennent entretenir le jardin maraîcher en attendant que les travailleurs habituels puissent revenir travailler à l’ESAT après le confinement.

Les assistants ont choisi de rester dans leurs foyers respectifs, alors qu’ils étaient libres de partir. Ils auraient pu rentrer chez leurs parents et j’admire beaucoup l’abnégation et le sens du service de chacun. J’aime bien ce que disait Matthieu, un assistant, qui reflète assez bien l’état d’esprit général qui nous anime tous : « ma mission c’est d’habiter ici à l’Arche dans mon foyer. Donc j’habite vraiment ici, même pendant le confinement. Chez moi, c’est au foyer. La mission à L’Arche est exigeante : elle se situe d’abord au point de vue de la présence. C’est ça qui est beau : on habite vraiment ici et ça implique de renoncer un peu à sa vie à l’extérieur. Je trouve ça beau de le vivre, même en temps de confinement. »

Dans les foyers, de manière générale, le confinement se passe plutôt bien grâce à l’extraordinaire capacité de chacun à s’adapter et à vivre l’instant présent ! (Il faut dire que nous avons la chance d’avoir un grand jardin). Mais ce temps reste quand même déroutant et inquiétant face à la maladie.

Les tempéraments de chacun peuvent parfois être un peu lourds à porter à cause du confinement. Mais vécu dans la foi, ce temps est aussi un moyen de prendre un peu de recul et de hauteur sur nos actions et de revoir le sens de nos priorités.

Accueillir la banalité du quotidien

Nous avons globalement le sentiment que dans notre contexte culturel contemporain, ce qui importe, c’est l’intensité de la vie, le culte de la performance, de l’originalité.) Et cela nous rattrape aussi à l’Arche dans chacun de nos foyers ! On n’ose plus vivre dans la banalité du quotidien. Pourtant, c’est un peu ce à quoi nous sommes appelés fondamentalement à l’Arche : à vivre la banalité du quotidien plus que dans la succession d’évènements qui donnent une ferveur un peu chimique. On se sent vivant quand « il se passe quelque-chose ». Mais je fais l’expérience ici dans mon foyer pendant le confinement que Dieu nous attend vraiment dans le quotidien. La question se pose alors : comment faire pour que notre quotidien banal ne devienne pas ennuyeux ? Que l’ordinaire soit toujours extraordinaire ? Il me semble que je trouve grâce à l’Arche une belle réponse : Dans notre vie ensemble en confinement, on se respecte, on se supporte mais on n’ose pas vraiment se laisser rejoindre et enseigner par l’autre. Notre quotidien reste banal et ennuyeux si on se laisse vivre. Tandis que lorsqu’on prend le temps de vivre dans l’instant et de se rendre compte de ce qui se passe, la gratitude et l’action de grâce naissent et là, le quotidien ordinaire devient vraiment extraordinaire.

 

La coïncidence de ce temps de confinement avec le carême n’était pas anodine ! Le désert s’est imposé à nous. La vie fraternelle, la prière d’intercession prennent une place encore plus grande dans nos coeurs et, même si nous avions le sentiment étrange que cette année, Pâques à la télé ne « ressemblait pas à grand chose », nous n’avons jamais ressenti de cette façon la force de la communion spirituelle. La Croix demeure et la Résurrection elle, n’était pas reportée !

Amélie de Lamotte


Une façon d’aider l’Arche d’Aigrefoin pendant cette période : acheter des fleurs ! Tous les renseignements sur leur site.