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Accueil du rapport de la CIASE par les paroisses des Yvelines


Près de 30 soirées ont été organisées dans notre diocèse depuis la parution du rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église. Elles ont pris différentes formes pour accueillir le témoignage des victimes, prier, échanger et proposer des pistes.

Certaines paroisses ont proposé des temps de prière, d’adoration ou des messes de réparation. Beaucoup ont mêlé la prière à l’échange parfois lors de rencontres en deux temps distincts.  Des responsables diocésains, des membres de la CIASE et parfois des psychologues  sont venus expliquer l’état des lieux dressé par la CIASE et répondre aux questions.

Il y a un grand écart dans les questions : entre ceux qui estiment que leur responsabilité de baptisé doit s’exercer pour que ces situations ne perdurent pas dans l’Église et ceux qui ne se sentent pas concernés mais qui considèrent qu’ils ont à défendre l’Église et les prêtres” explique Anne Sudan, membre de la cellule diocésaine d’écoute. “Certains curés n’ont encore rien organisé dans l’attente d’un temps plus calme et apaisé. Ce qui est certain, c’est que l’on ne peut s’arrêter à la prière. La parole doit pouvoir se manifester et être prise en compte.

Un exemple avec la soirée du doyenné de Poissy

Le Père Bertrand d’Abzac témoigne : “Notre objectif (suite à une  soirée organisée sur le thème il y a 2 ans) était moins d’accueillir la réaction des fidèles que de les accompagner pour que chacun, par sa vigilance concrète, prenne conscience qu’il doit participer à faire de notre Église une maison sûre. La soirée a, par ailleurs, permis de prendre conscience de la confiance à restaurer et de créer un espace où accueillir les réactions, mais c’est seulement dans un deuxième plan.” Ce qui l’a marqué : “L’ambiance pesante a changé à la lecture de témoignages, comme une prise de conscience de ce qu’avaient pu vivre ces personnes abusées dans leur enfance.”

Valérie Bercovici, organisatrice et animatrice de l’événement, est très impliquée dans la lutte contre les abus en tant qu’éducatrice en vie affective et sexuelle, dans les établissements scolaires notamment. Comme la soixantaine de participants à la soirée, elle a apprécié la parole de notre évêque, d’Anne Sudan, du responsable du séminaire diocésain, le Père Matthieu Dupont et du directeur diocésain de l’enseignement catholique, Emmanuel Vandroux.

Des groupes thématiques d’échanges ont permis à ceux qui le souhaitaient de s’exprimer et d’émettre des recommandations.

Valérie Bercovici a notamment été marquée par le témoignage d’une dame : “J’ai confiance dans l’Eglise. Toute réforme doit se faire de l’intérieur en commençant par la conversion de ses membres et donc de moi-même”.

Les groupes ont proposé des solutions très concrètes comme l’exigence de certaines  pièces officielles pour devenir laïcs en responsabilité auprès des jeunes ; l’instauration de temps de relecture après des WE, des camps ; l’aménagement des locaux paroissiaux et des lieux de réception dans les églises avec des vitres, des portes à garder ouvertes pendant les entretiens individuels ou les confessions. La juste distance avec le prêtre et l’attitude des fidèles a souvent été évoquée.

En prévention des abus, les participants ont recommandé de chercher la juste attitude : pas de méfiance excessive et de suspicion permanente mais pas d’angélisme non plus. On a trop pensé que cela n’arrivait qu’aux autres, qu’ailleurs. La formation des séminaristes, des catéchistes, l’éducation de chacun à la vie affective et sexuelle ont été abordées. Il faudrait que différents supports de formation existent en fonction des âges et des publics.

Pour restaurer la confiance envers l’Église : favoriser la libération de la parole en communauté, réveiller la mémoire, mettre fin à l’omerta et travailler avec la société civile : élargir la prise en compte des abus au delà de nos communautés.

Ce travail d’écoute et de collaboration va donner lieu à une synthèse pour le doyenné ; il s’est enrichi depuis avec les directives émises lors de l’Assemblée plénière des évêques de France de novembre 2021. Il se poursuivra, comme ailleurs dans le diocèse, dans le mouvement plus large encore du synode lancé par le Pape François.

Tous appelés à participer

La phase synodale de consultation des fidèles qui est ouverte jusqu’au 31 mars est l’occasion de marcher ensemble sur ces questions.  “Le synode invite à réfléchir sur l’autorité, la bienveillance et la gouvernance dans notre Église, explique Anne Sudan. C’est l’autorité in-ajustée qui permet les dérives. Il s’agit donc de se lancer, réfléchir entre baptisés ; travailler le discernement individuel comme communautaire. Interrogeons les pratiques, acceptons les regards extérieurs, la société bouge et les pratiques ecclésiales doivent bouger aussi. C’est l’objet de ce synode et c’est à la portée de tous, notamment des jeunes parents que l’on a peu vus dans les soirées ; ils sont pourtant pleinement concernés. Ils ont un rôle à jouer dans la prévention et la vigilance pour leurs enfants mais aussi pour recréer un climat de confiance.  C’est l’Église de demain qui se construit maintenant dans une meilleure collaboration entre les prêtres, les diacres, les laïcs en responsabilité comme simple fidèles.”

Comment sensibiliser plus largement les fidèles à cette question ? On a constaté que les soirées ne rassemblent qu’entre 5 et 20 % des membres d’une paroisse. Dans quelles dispositions se trouvent les 80 %  restants ?  Le travail sera long, mais cette crise peut être une opportunité pour se mettre au travail tous ensemble et faire de notre Eglise une maison sûre.

Valentine Faure

Prière pour la guérison de l’Église

Père plein de bonté, nous te prions pour ton Église.

Daigne la combler de la vérité tout entière, de la paix tout entière.

Là où elle est corrompue, montre-nous comment la purifier

là où elle est dans l’erreur, montre-nous comment la corriger,

là où elle est désordonnée, montre-nous comment la réformer,

là où elle est fidèle, raffermis nous ,

là où elle est dans le besoin, inspire-nous la charité,

là où elle est divisée, fais de nous des artisans d’unité.

Nous te le demandons pour l’amour de ton Fils, Jésus, notre Seigneur.

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