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Pierre de Porcaro : un nouveau ‘bienheureux’ pour les Yvelines


Le pape Léon XIV a signé, ce 20 juin 2025, un décret reconnaissant le martyre de cinquante français, tués en haine de la foi par les nazis en 1944-1945. Parmi eux, un prêtre des Yvelines, vicaire à la paroisse de Saint-Germain-en-Laye, mort dans le camp de concentration de Dachau en mars 1945 : le Père Pierre de Porcaro.

La joie du don

Le diocèse de Versailles est dans l’action de grâce. En effet, ce décret rend désormais possible une béatification. Voilà reconnu le martyre d’un prêtre mort « en service », continuant jusqu’au bout son ministère clandestin pour ne pas abandonner les jeunes qui lui étaient confiés. Avec ceux qu’il servait, il été fidèle à sa foi jusqu’au bout. Pour les prêtres des Yvelines, c’est une immense joie puisque Pierre de Porcaro est le patron du séminaire de Versailles.

En mars 2025 entouré des séminaristes, Mgr. Luc Crepy présidait une messe à Saint-Germain-en-Laye à l’occasion du 80ème anniversaire de sa mort. À cette occasion, une bande dessinée était dévoilée, proposant de faire connaître cette figure inspirante aux jeunes générations. Comme l’écrit notre évêque dans la préface : « Nous n’aurons probablement pas à vivre tout ce que le Père de Porcaro a vécu, mais nous sommes tous invités – comme lui – à espérer, aimer et servir ».

Le diocèse de Versailles connaissait déjà saint Arnould, saint Louis, sainte Honorine, saint Cyr ou saint Quentin… et tant d’autres figures de sainteté. Il va falloir désormais compter sur un nouvel intercesseur. Ne pouvons-nous pas également d’ores et déjà prier le futur bienheureux pour les vocations sacerdotales dans le diocèse de Versailles ou afin d’obtenir la grâce de la persévérance et de la fidélité ?

Bienheureux et martyr(s)

Ultime étape avant la canonisation qui autorise un culte universel, une béatification est la cérémonie au cours de laquelle l’Église proclame qu’une personne est « bienheureuse » (beatus en latin), c’est-dire dans le bonheur éternel de Dieu, au paradis. Cérémonie jadis présidée par le pape à Rome, celle-ci est désormais célébrée dans les pays d’où sont originaires les bienheureux. L’Église attend également que se produise un miracle dû à l’intercession du bienheureux, sauf dans les causes de martyre où il suffit de prouver que la personne est morte en raison d’un odium fidei, littéralement en haine de la foi chrétienne. Le premier d’entre eux, ou « protomartyr », est saint Etienne, diacre de Jérusalem dont la mort est décrite dans les Actes des Apôtres. Un autre cas récent, tragiquement célèbre, est celui du père Jacques Hamel, assassiné en juillet 2016 dans une église de la banlieue de Rouen. Parce qu’il ne fait aucun doute qu’il a été assassiné en tant que prêtre, la reconnaissance de son martyre devrait être assez simple.

Martyros en grec signifie « témoin », témoin du Christ, jusqu’au don ultime de sa vie. C’est donc le cas de Pierre de Porcaro, arrêté par la Gestapo pour « activités catholiques subversives ». Avant d’être déporté à Dachau, il affirmait à un compagnon de cellule, qui a survécu et qui a témoigné : « J’ai tout avoué aux policiers ; j’en suis très fier ! ». Quarante-neuf autres martyrs forment le groupe des futurs bienheureux. Ils le deviendront au cours d’une célébration qui aura vraisemblablement lieu dans la capitale française d’ici Noël 2025, le diocèse de Paris ayant coordonné cette cause collective. Parmi eux, quatre jeunes religieux franciscains, Yvelinois d’adoption puisqu’ils ont résidé quelques années au monastère de Champfleury, sur la commune de Carrières-sous-Poissy : frère Gérard-Martin Cendrier, originaire de Paris et frère Xavier Boucher, originaire des Vosges, tous deux morts d’épuisement en 1945 ; frère Roger Le Ber, originaire de Bretagne et abattu par un soldat allemand sur le bord d’une route à l’âge de 25 ans ; et enfin frère Louis Paraire, originaire de Vincennes, mort de dysenterie en avril 1945, dans le wagon qui le conduisait au camp de Dachau.

Résistants spirituels

Cette prochaine béatification de cinquante Français est très inspirante. D’abord, parce qu’elle mélange différents états de vie. On retrouve ainsi des prêtres – dont Pierre de Porcaro – mais aussi des religieux, des laïcs engagés dans l’Action Catholique et des chefs scout, tous martyrs de l’apostolat chrétien au cœur de l’Allemagne nazie.

Elle est aussi source d’enseignement en cette année où l’on commémore la fin de la seconde guerre mondiale. Ces hommes sont les martyrs des droits de la personne humaine écrasée par un pouvoir totalitaire. Bien sûr, il y a eu entre 1939 et 1945 une résistance armée qui a eu ses héros et ses martyrs. Quand un projet veut détruire l’homme, on peut et on doit résister. Mais Porcaro et ses « compagnons » sont les témoins d’une autre forme de résistance face au paganisme nazi, au mythe de la race supérieure, à la dégradation programmée de l’homme. Ils ont pris les armes, dans un autre domaine, une autre dimension. Ils sont des résistants d’un autre type : des résistants spirituels.

Père Pierre Amar