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Consécration de l’autel de la chapelle du séminaire de Versailles


En entrant dans la chapelle de la Maison Pierre de Porcaro (Séminaire de Versailles), on ressent une forme de paix intérieure. Cette paix vient d’une harmonie, d’une sorte d’unité entre le mobilier liturgique en pierre, les bancs de l’assemblée en bois clair, les vitraux à dominante bleue et rouge rappelant les couleurs de la Vierge qui veille, toute de douceur et de bonté, debout sur un socle à gauche de l’espace eucharistique.

Jean-François Ferraton, sculpteur, et Serge Nouhailhat, vitrailliste, les deux artistes qui ont travaillé dans la chapelle, expliquent cette sensation d’unité à l’assemblée réunie en ce jour de consécration. Invités par le père Grégoire Leroux, recteur du séminaire, ils racontent leur travail ensemble, construit à partir d’un trou béant, c’est-à-dire de rien. Ils dialoguent simplement devant tous, monseigneur Crepy, prêtres formateurs et accompagnateurs, séminaristes, propédeutiques, professeurs.

Dialogue des matières

Jean-François Ferraton explique le choix de l’onyx, une pierre d’un beige orangé aux reflets pailletés, dure, lourde et friable, taillée ici pour un autel aux formes incurvées, comme l’ambon et le bénitier aussi grand qu’un baptistère ; ils sont barrés d’une ligne horizontale, qui évoque le monde terrestre dans la forme en élévation vers le ciel.

 

Les courbes du mobilier sont rappelées par les courbes ascendantes des vitraux dont les plombs semblent s’élever eux-aussi, enchâssant des blocs de verre teintés dans la masse, bleu, rouge et jaune, les vitraux de la nef reprenant l’envolée des vitraux du chœur. De part et d’autre du tabernacle, en verre également, les figures en pied de saint Jean, tout en douceur, et de saint Pierre avec ses chaînes et ses clefs, rappelant le pêché et le salut. Leur silhouette est dessinée en noir sur des verres blanchis pour atténuer les effets trop vifs de la lumière colorée.

Chapelle du séminaire Versailles

 

 

La Vierge en pierre peinte du XIVe siècle est le don au séminaire d’une famille qui en a suivi la trace jusqu’en Amérique…

 

Les artistes répondent volontiers aux questions, témoignant d’un art engagé pour « la beauté infinie de Dieu » (Sacrosanctum concilium, Vatican II, décembre 1963)). L’inspiration est « un rêve », « une sieste avec un crayon », « une vigilance des sens pour aller vers Dieu ». La technique nécessite l’implication du corps tout entier, « la main rejoint l’épaule et le coude ». La beauté vient du silence… Et de la patience. Pourquoi les lignes noires des plombs du chœur, du tabernacle ? « Il n’y a pas de lumière sans nuit » répond l’artiste qui témoigne de son chemin de conversion par l’art, tandis que le sculpteur évoque le dur combat contre la matière qui résiste et s’effrite.

Consécration de l’autel

Monseigneur Crepy entre alors dans la célébration de la consécration de l’autel, qui rappelle les étapes de l’initiation chrétienne, Baptême, Confirmation et Eucharistie : l’aspersion avec l’eau bénite, l’onction d’huile sainte pratiquée sur les cinq croix de la table de l’autel qui évoquent les cinq plaies du Christ ; il parfume l’autel par le rite de l’embrasement avec l’encens dont la fumée monte vers le Père. Il revêt la table de la nappe blanche qui va accueillir le Sacrifice, et enfin l’illumine comme la lumière du Christ ressuscité. Auparavant, l’évêque a scellé dans la pierre le médaillon contenant les reliques de saint François de Sales et sainte Jeanne de Chantal, deux saints unis dans leur amour pour le Christ et dévoués à l’enseignement et à la formation des prêtres, des jeunes et des laïcs (Ecole Française de Spiritualité, XVIIe siècle).

La célébration eucharistique inaugure l’autel nouvellement consacré, et dans son homélie, monseigneur Crepy nous invite à être chacun un autel pour notre Seigneur et à vivre en communion dans l’unité et la paix.

 

Que cet autel soit la table de fête où les convives du Christ afflueront dans la joie : en se déchargeant sur toi, Père, de leurs soucis et de leurs fardeaux, qu’ils reprennent ici courage pour une étape nouvelle.

Que cet autel soit un lieu de paix et de profonde communion avec toi, pour que tes enfants, nourris du corps et du sang de ton Fils, et abreuvés de son Esprit, grandissent dans ton amour.

Qu’il soit source d’unité pour l’église : que les fidèles rassemblés autour de lui y puisent un vrai esprit de charité.

Qu’il soit source de communion pour la communauté de ce séminaire (…)

Amen

Prière de la dédicace d’un autel (extraits).

 

 

Chantal Courtois

Novembre 2025