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Les noms de Marie


L’iconographie des litanies de Lorette s’est beaucoup répandue et était largement comprise, c’était un moyen de contempler la Vierge Marie.

On la retrouve dans le vitrail de l’église saint Pierre à Montfort l’Amaury.

Cette baie, de 1574,  est composée de quatre scènes de l’enfance de Jésus, et au centre, la Vierge entourée des « attributs mystiques » des litanies.

Marie, étoile

Coignières, vitrail nef, étoile« Réjouis-toi, astre qui révèle le Soleil »

« Réjouis-toi, qui illumine les initiés au mystère de la Trinité »

Ainsi l’hymne Acathiste chante Marie comme l’étoile du matin et « mère de l’astre sans déclin », c’est-à-dire mère du Christ.

« Elle est cette brillante et merveilleuse étoile qui se lève, glorieuse et nécessaire au-dessus de cet océan immense, dans la splendeur de ses mérites et de ses exemples.

Dans la tempête, regarde l’étoile, invoque Marie !

O toi, qui que tu sois, qui dans cette marée du monde, te sens emporté à la dérive parmi orages et tempêtes, plutôt que sur la terre ferme, ne quitte pas les feux de cet astre, si tu ne veux pas sombrer dans la bourrasque.

Montfort l'Amaury détail astre

Église saint Germain d’Auxerres à Coignières Vitrail de la nef, détail central, restauré en 1993 par Gabriel Loire

Quand se déchaînent les rafales des tentations, quand tu vas droit sur les récifs de l’adversité, regarde l’étoile, appelle Marie ! » Saint Bernard

« Comme l’étoile du matin, en même temps que l’aurore, précède le lever du soleil, de même Marie, dès sa conception immaculée, a

précédé la venue du Sauveur, le lever du « soleil de justice » dans l’histoire du genre humain. » Saint Jean-Paul II, Redemptoris Mater

Marie, arche d’Alliance

Coignières, vitrail nef, arche d'alliance détailL’arche était un coffret à l’intérieur duquel étaient gardées les deux tables de la loi, à la suite de l’alliance au Sinaї, durant l’Exode. Elle était un signe visible de la présence agissante de Dieu au milieu de son Peuple. C’est pourquoi elle s’appelle arche d’ « Alliance ».
Elle était mobile, elle avait des barres pour être portée au long des pérégrinations du peuple.
Sa construction avait été fixée par le Seigneur en tous ses détails.

Elle devait être faite de bois précieux, l’acacia, “d’or pur, au-dedans et au-dehors” et “deux chérubins d’or” à ses extrémités (cf. Ex 25 10-22).
L’Arche contenait la Parole de Dieu écrit dans la pierre. Marie porta la Parole de Dieu dans la chair.

Alors s’ouvrit le temple de Dieu, dans le ciel, et son arche d’alliance apparut, dans le temple. (Ap 11, 19).

Marie étoile du matin Mosaïque du chœur de l’église Notre-Dame de Bougival, Charles Rouillard, fin XIXe-deb XXe

Quelle est la signification de l’arche ? Qu’est-ce qui apparaît ? Pour l’Ancien Testament, elle est le symbole de la présence de Dieu parmi son peuple. Mais désormais, le symbole a laissé la place à la réalité. Ainsi, le Nouveau Testament nous dit que la véritable arche de l’alliance est une personne vivante et concrète : c’est la Vierge Marie. Dieu n’habite pas un meuble, Dieu réside dans une personne, dans un cœur : Marie (…)

Marie est l’arche de l’alliance car elle a accueilli en elle Jésus ; elle a accueilli en elle la Parole vivante, tout le contenu de la volonté de Dieu, de la vérité de Dieu ; elle a accueilli en elle Celui qui est l’alliance nouvelle et éternelle, qui a culminé dans le don de son corps et de son sang : un corps et un sang reçus de Marie. C’est donc à juste titre que la piété chrétienne, dans les litanies en l’honneur de la Vierge, s’adresse à Elle en l’invoquant comme Foederis Arca, c’est-à-dire « arche de l’alliance », arche de la présence de Dieu, arche de l’alliance d’amour que Dieu a voulu établir de façon définitive avec toute l’humanité dans le Christ. » Benoît XVI, homélie pour l’Assomption, 15 Août 2011

 

Marie, jardin clos

jardin closLe jardin est entouré d’une palissade protectrice, ainsi les animaux fantastiques, images du démon ne peuvent pénétrer dans l’enceinte.

Marie, jardin fermé, est une allusion à sa virginité, reprenant l’expression du Cantique des Cantiques au chapitre 4 : « Jardin fermé, ma sœur fiancée, fontaine close, source scellée »

Le Christ vient en son jardin, c’est à dire dans le sein de Marie, c’est une allusion à l’Incarnation.

Marie est située dans le dessein de Dieu créateur à travers la symbolique du jardin de la Genèse, et dans le plan de l’histoire du salut par la symbolique de la cité Sion. Et l’image de la cité Sion ouvre une perspective universelle car toutes les nations y viendront.[1]

« En descendant dans ton sein et en assumant ta chair, pour naître comme vrai homme, moi qui étais Dieu, je suis venu dans mon jardin.

Qu’y a-t-il qui ne soit pas à moi ? En vérité, Moi, je suis le Verbe, par lequel toutes choses sont faites et sans moi rien n’est fait (cf. Jn 1,1-3). Par moi a été planté ce jardin dont l’Écriture dit “Le Seigneur Dieu été planté un jardin de délices aux commencements” (Gn 2,8 vulgate).  Et tu es l’autre jardin, “le jardin fermé” (Ct 4,12).

Certes le premier homme ne pouvait pas dire “Je suis venu dans mon jardin.” Ce premier homme je veux dire, duquel il est écrit “Le Seigneur Dieu prit l’homme et le mis dans le jardin des délices pour qu’il cultive et le garde” (Gn 2,15). Ce ne fut pas lui qui créa et planta le jardin, ni lui qui fut créé dans le jardin. Moi, au contraire, j’ai fait le jardin et dans le jardin je suis né.

Autrement dit, j’ai fondé la cité et dans la cité je suis né, comme l’Écriture dit : “Un homme est né en elle, et le Très haut l’a fondé” (Ps 86,5). »

(Rupert de Deutz, †1130)

Marie, miroir sans tache

Marie Miroir 1Marie Miroir 2

“Elle est le rayonnement de la lumière éternelle, le miroir sans tache de l’activité de Dieu, l’image de sa bonté.” Livre de la Sagesse, 7, 26

Moins connue, cette figure provient de l’habitude de représenter Dieu comme créant un « miroir » c’est à dire l’homme en sorte que son image s’y reflète,

Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme. (Gn 1, 27)

Mais cette image est souillée par le péché. Marie est le miroir « sans macule », ce rond blanc représente la figure sans tache de Marie préservée du péché originel.

Marie, puits et fontaine

détail Mezières puits fontaine

Le puits et la fontaine sont associés dans le Cantique des Cantiques : « Ô source des jardins, puits d’eaux vives qui ruissellent du Liban ! » Ct 4, 15 (vitrail détail de l’église de Mézières)

Dans l’imaginaire biblique, le puits est le lieu de la rencontre, de l’alliance et de l’amour. Aussi Jésus rencontrant la samaritaine au puits lui dévoile l’Amour vrai et lui promet l’Eau Vive «  jaillissant en vie éternelle » [2] dont il est la source. Marie devient le puits qui donne cette Eau Vive.

La fontaine reçoit l’eau divine qu’elle fait ruisseler de vasque en vasque jusqu’à la terre

« Sainte Marie, Mère de Dieu,
tu as donné au monde la vraie lumière,
Jésus, ton fils – Fils de Dieu.
Tu t’es abandonnée complètementlitanies Lorette
à l’appel de Dieu
et tu es devenue ainsi la source
de la bonté qui jaillit de Lui.

Montre-nous Jésus. Guide-nous vers Lui.
Enseigne-nous à Le connaître et à L’aimer,
afin que nous puissions, nous aussi,
devenir capables d’un amour vrai
et être sources d’eau vive
au milieu d’un monde assoiffé. »

Prière du Pape Benoît XVI tirée de l’Encyclique « Deus Caritas Est »

 

Marie, tour de David, cité de Dieu

Mais on appelle Sion : « Ma mère ! » car en elle, tout homme est né. C’est lui, le Très-Haut, qui la maintient. Ps 86, 5

La tour de David représente la protection, la solidité pour défendre Jérusalem, le lieu où l’on peut être protégé des attaques de l’ennemi. Cette expression est aussi utilisée dans le Cantique des cantiques poville enceinteur désigner le cou de la bien-aimée. Marie devient donc celle qui nous protège et qui protège l’Église des forces du mal :

« Salut, tour puissante, toi qui maintiens indemne devant l’ennemi ceux qui se réfugient en toi. » [3]

Enfin la Cité de Dieu nous est expliquée par saint Augustin : c’est le peuple de Sion, fondé dans les patriarches et les prophètes et qui donne naissance à Marie [4]. Et Marie donne naissance au Christ, en ce sens, Marie est elle-même la Cité de Dieu, où est né le Christ. [5]

L’Apocalypse dévoile la Jérusalem céleste, l’Église reflétant la gloire de Dieu.

Ce dernier symbole est figuré comme une ville ceinte de remparts et de tours de défenses, se référant au discours du livre de Ben Sirac le sage : « Ainsi, je me suis fixée dans Sion, il m’a fait demeurer dans la cité bien-aimée, et dans Jérusalem j’exerce ma puissance. »

Toutes ces figures qui entourent la Vierge Marie contribuent à exalter en des litanies visuelles, Marie, « la Toute Belle », la Vierge pure.

 

[1] Françoise Breynaert, sur le site mariedenazareth.com

[2] Jn 4, 14

[3] Néophyte le reclus (†1220), Discours pour l’Annonciation de Notre Dame, la Mère de Dieu et toujours Vierge Marie § 4-5, cité sur mariedenazareth.com

[4] S. Augustin, La Cité de Dieu XVII, 16, 2

[5] S. Augustin, Commentaire du Psaume 142, 3