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La croix comme un chemin à Saint-Denis d’Adainville


Une grande croix en bois pour manifester la présence du Christ au milieu de la communauté réalisée par Bruno de Maistre, ébéniste d’art à Auffargis.

L’église Saint-Denis d’Adainville, édifiée au XIIIe siècle, a fait l’objet d’une belle restauration au cours de laquelle on a découvert une baie dans l’axe de la nef côté ouest. La mairie a permis la création et la pose d’un nouveau vitrail en 2015 représentant « l’arbre de vie à la croisée des chemins ».

Dans cette église, la nef s’ouvre sur le vaste espace du sanctuaire où se retrouvent les paroissiens pour célébrer les vêpres le dimanche soir une fois par mois. Ils rendent ainsi habitée et priante leur église qu’ils prennent soin d’ouvrir et de faire vivre.

Le souhait de toute la communauté

À la suite des travaux de restauration de l’église, la communauté a exprimé en 2017 son désir d’avoir une grande croix pour manifester la présence du Christ au milieu d’elle. Une souscription a alors été lancée auprès des habitants du village et le projet de Bruno de Maistre, ébéniste d’art à Auffargis, a été retenu. Il explique :

« Cette croix de deux mètres est composée de bois, elle prend pied dans un billot de chêne de la forêt de Rambouillet. Il y a donc trois mouvements, trois chemins réalisés en chêne de teintes différentes. Ces trois éléments ne font qu’un pour représenter la croix qui porte le cœur du christ, représenté par le morceau de vitrail rouge au travers duquel transparaît la lumière. »

Lors de la fête des Rameaux, en 2018, cette croix a « pris corps et place » dans l’église selon l’expression du père Pierre Bothuan, le curé actuel, qui a accompagné le projet avec enthousiasme.

Le coeur vibrant du Christ

D’un aspect vivant, elle porte en elle l’élan de la vie, la danse d’une flamme qui émerge d’un socle inégal et raide comme nos vies que le feu  de l’Esprit vient transfigurer.

Trois bois de même nature et de teinte différente, unis dans cette croix, source et œuvre du salut, n’est-ce pas une évocation trinitaire ? Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit.

La forme de la traverse horizontale de la croix évoque les bras du Christ entre lesquels apparaît un morceau de vitrail rouge tel le cœur ouvert de Jésus. Cette croix sans représentation physique du corps de Jésus n’est pourtant pas désincarnée car la taille, la forme et les matériaux suggèrent ce corps-croix et le sanctuaire devient habité grâce à cette croix qui manifeste la présence du Christ sauveur au milieu de la communauté en prière.

D’est en ouest, un trajet pascal

Dans l’église d’Adainville, la croix est au centre d’un chemin entre l’Est et l’Ouest, faisant parcourir la nef comme un trajet pascal.

Du côté où le soleil se lève, derrière l’autel se trouve un vitrail réalisé en 1884 représentant l’enfance de Jésus. Comme souvent à cette époque, Jésus est représenté travaillant avec son père. Mais le bois qu’il travaille sous le regard affectueux de Marie annonce déjà la croix de sa passion, instrument de mort qui devient pour nous chemin de salut.

 

 

Du côté où le soleil se couche, la mairie avait organisé une souscription pour la pose d’un vitrail symbolisant l’arbre de vie, qui en univers chrétien représente le Christ, celui qui nous introduit dans la vie éternelle en Dieu. Cet arbre est ainsi décrit dans l’Apocalypse : « Au milieu de la place de la ville, entre les deux bras du fleuve, il y a un arbre de vie qui donne des fruits douze fois : chaque mois il produit son fruit ; et les feuilles de cet arbre sont un remède pour les nations. » Ap, 22,2

Dans les lobes du vitrail sont représentés le soleil et la lune comme ils le sont traditionnellement de chaque côté de la croix, signifiant la seigneurie du Christ sur les éléments, lui qui est la vraie lumière du monde.

Dans la rose supérieure du vitrail, on aperçoit une coquille car le village était autrefois sur le chemin du grand pèlerinage de Saint-Jacques.

Cet arbre de vie se détache sur un fond rouge qui nous permet de l’associer à un buisson ardent, cet arbuste où Dieu se révèle comme un feu qui ne détruit pas, un amour brûlant infiniment respectueux de nous….

Le rouge fait écho à celui du vitrail du chœur en haut duquel la croix se détache sur un entrelacs bien vivant placé sur un même fond embrasé, ainsi qu’à l’éclat de verre rouge enchâssé dans la grande croix de bois de la nef.

 

Ainsi cette nouvelle croix est le lieu du passage rendu possible par le Christ incarné, passage de nos existences finies et de nos travaux modestes à la vie en Dieu offerte dès aujourd’hui grâce à la Présence du ressuscité ; passage qui nous conduit à vivre déjà des biens du Royaume symbolisés par l’arbre de vie. Nous sommes dans le « déjà-là » et le « pas-encore », tendus vers la révélation plénière de ce que nos yeux ne peuvent saisir, mais que nous accueillons dans la foi, grâce ici au chemin de vie avec le Christ que ces œuvres d’art tracent dans l’église.

Nathalie Lockhart