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La diège à Jouy


Joyau de l’église Saint Martin de Jouy-en-Josas
La Diège, œuvre la plus célèbre de l’église Saint Martin de Jouy-en-Josas, est une statue en bois polychrome du XIIème siècle. Elle est encore de nos jours l’objet d’une grande dévotion.

 Cette Vierge à l’Enfant était honorée au Moyen Age dans la chapelle Notre Dame de Villetain située sur le plateau de Saclay. A la fin du XVIIIème siècle, la chapelle tombant en ruines, la statue est déposée à l’église Saint Martin de Jouy-en-Josas. Cachée pendant la Révolution, elle retrouve sa place à Jouy lorsqu’elle est redécouverte un demi-siècle plus tard.

jouy-en-josas-statue-diegeLe mot « Diège  » est l’altération des mots latins « Dei Genitrix » qui signifient « mère de Dieu ».

La Diège

Cette vierge en majesté est une Vierge romane, probablement du XIIème siècle comme semble l’indiquer sa position assise sur le trône, son attitude frontale, sa gravité, les plis serrés des vêtements qui la couvrent.

A cette époque, les artistes, conseillés par les clercs, insistent sur la maternité divine de Marie : elle est le Siège du Tout Puissant, le Trône de la Sagesse. Jésus n’est pas représenté comme un nourrisson mais comme un jeune enfant déjà pénétré de sa mission : il est debout, il porte dans sa main gauche le globe symbole de son pouvoir sur la terre qu’il bénit de la main droite, le pouce, l’index et le majeur, levés selon le geste de la bénédiction latine.
Pour montrer qu’il vient du ciel, ses pieds sont soutenus par deux anges : c’est une représentation rarissime que l’on retrouve pourtant dans notre diocèse avec la Vierge à l’Enfant de l’église Saint Aubin de Limay – vers 1200.

Jouy-en-Josas

A Jouy-en-Josas, Marie, couronnée et assise sur un trône, siège en majesté : elle est reine et mère de Dieu, elle est la Diège. Elle porte son Fils avec la gravité sacerdotale du prêtre qui porte le calice, impassible et souveraine. Avec sa main gauche, elle le serre contre elle, les doigts levés de sa main droite, elle souligne sojouyeglise-tfp.jpgn origine divine. En dépit de la rigidité de son attitude, caractéristique de l’époque romane, cette Vierge n’a pas la froideur qui émane de certaines statues du Moyen Age. Son visage rond est empreint d’une grande douceur. Le corps de l’Enfant est légèrement de profil. La verticalité de son attitude est atténuée par les courbes et contrecourbes du voile doré qui serpente sur le vêtement bleu de la Vierge faisant écho à la flexion du genou de la mère et à l’arrondi des ailes des anges.
Les deux angelots curieusement posés sur les pieds de Marie apportent à cette représentation une note touchante qui annonce les Vierges plus humaines de l’époque gothique.
Construite au XIIIème siècle, l’église Saint Martin de Jouy-en-Josas ne conserve que peu d’éléments de cette époque : seulement les murs de base du clocher et les colonnes de la deuxième travée, visibles à l’intérieur. Ruinée pendant la guerre de Cent Ans, l’église a été reconstruite au milieu du XVIème siècle grâce au seigneur de Jouy, Jean d’Escloubeau dont les armoiries figurent sur la litre funéraire (1) qui court sur la partie haute des murs de la nef.

La façade occidentale, très sobre, a conservé son portail Renaissance encadré de colonnes corinthiennes surmontées d’un fronton triangulaire.
La reconstruction de l’église s’accompagna probablement de la mise en place d’un nouveau décor dont il reste le groupe sculpté de la Charité de Saint Martin.

(1) litre funéraire : frise armoriée de couleur noire peinte sur les murs d’une église pour les funérailles d’un grand personnage.

Béatrice Dumas et Suzanne Orain