Logo diocèse de Versailles

Vivre les mystères joyeux de la vie de Marie au mois de mai


Voici une proposition de méditation avec le retable de l’église Notre-Dame de l’Assomption de Bougival.

Cette église est édifiée sur un lieu très anciennement chrétien puisqu’il est fait mention d’une église à Bougival en 1070. Plus tard, au XIIe siècle, sont édifiés le chœur et le clocher. Une plaque de 1929 commémore la dédicace et la consécration de l’église et rappelle qu’elle fut :

 

détail dédicade à la benoîte Verge Marie,

 

retable entier, photo N.lockhartAu fond de la chapelle de gauche se trouve un retable de chêne taillé, peint et doré.

Le retable est un tableau d’autel utilisé comme meuble décoratif et liturgique, ils vont se multiplier après le Concile de Trente et durant tout le XVIIe siècle.

Souvent orné de bois doré, il brille à la lumière des cierges et glorifie les mystères de la foi, il encadre l’autel et représente un épisode de l’Évangile ou la vie du saint patronyme de l’église dans le but d’instruire et d’édifier la foi des fidèles. Les décors de plus en plus baroques se développent en réaction à la Réforme protestante.

Le retable est composé de l’autel en partie basse pouvant comprendre un tabernacle, un ou plusieurs tableaux s’il y a des panneaux mobiles et une partie supérieure qui évoque le ciel.

A Bougival, le retable est formé de deux parties assez dissemblables : l’autel et la partie centrale, baroques, datent du XVIIe siècle. Le couronnement date du XIXe siècle.

Ce couronnement est formé d’un fronton, ici triangulaire brisé surmonté de volutes où sont assis deux anges sculptés qui encadrent donc un espace vide.retable détail couronnement avec deux anges, un peu flou

Cette organisation nous rappelle la description de l’Arche d’Alliance faite au livre de l’Exode :

 

 « Tu forgeras deux chérubins en or à placer aux deux extrémités du propitiatoire. Fais un chérubin à une extrémité, et l’autre chérubin à l’autre extrémité ; vous ferez donc les chérubins aux deux extrémités du propitiatoire. Les chérubins auront les ailes déployées vers le haut et protégeront le propitiatoire de leurs ailes. Ils se feront face, le regard tourné vers le propitiatoire. Tu placeras le propitiatoire sur le dessus de l’arche et, dans l’arche, tu placeras le Témoignage que je te donnerai. C’est là que je te laisserai me rencontrer ; je parlerai avec toi d’au-dessus du propitiatoire entre les deux chérubins situés sur l’arche du Témoignage ; là, je te donnerai mes ordres pour les fils d’Israël. » Exode 25, 18-22

Ainsi l’autel où se renouvelle la Présence du Seigneur est-il surmonté d’une sculpture en bois doré rappelant que le Seigneur accompagnait son peuple et se tenait présent sur l’Arche d’Alliance.

La visitation

Ce couronnement surmontait un autre retable aujourd’hui disparu, mais il s’accorde aussi bien avec le retable représentant la vie de la Vierge Marie, celle-ci en effet est souvent appelée « Arche d’Alliance ».

retable, la visitation avec fleurs autour, N.lockhartEn effet, saint Luc, racontant la Visitation calque son récit sur celui de la translation de l’Arche d’Alliance au livre de Samuel[1] : Comme David dansant devant l’arche, Jean-Baptiste, reconnaissant le Sauveur que porte Marie, tressaille dans le sein de sa mère.

Puis Elisabeth acclame Marie comme David et le peuple en son temps ont acclamé l’arche, enfin Marie, comme l’Arche en son temps demeure trois mois chez Elisabeth.

« Cette arche devant qui le prophète David dansa, ne correspondait-elle pas à la Vierge Marie ? L’arche contenait les tables de l’alliance. La première gardait la loi, la seconde l’évangile ; celle-là la voix de Dieu, celle-ci son vrai Verbe. L’arche resplendissait dedans et dehors de l’éclat de l’or ; Marie resplendissait dedans et dehors de la lumière de la virginité. L’or de l’arche était de ce monde. Celui de Marie venait du ciel ! »[2] Saint Maxime, évêque de Turin[3].
Deux statuettes très abîmées de Saint Marc et de Saint Luc surmontent la partie centrale du retable.

 

retable, colonnes torses dorées ornées pampre vigne soutenant chapiteaux ouvragésL’œuvre est encadrée de colonnes torses dorées ornées de pampres de vigne. Celles-ci soutiennent d’élégants chapiteaux.

Le tableau est composé de neuf scènes de la vie de Marie. Une élégante guirlande de fleurs en forme de croix soutenue par des anges encadre cinq médaillons représentant les mystères joyeux.

 

 

 

 

Les autres scènes de la vie de Marie

retable médaillon Nativité, N.lockhartretable , présentation Jésus au temple, avec fleurs, N.lockhartLa Nativité au centre est précédée à gauche de l’Annonciation, puis au-dessus de la Visitation, à droite de la Présentation de Jésus au temple et en dessous de Jésus enfant parlant au milieu des docteurs.

 

 

 

 

 

 

Dans les angles, des scènes de la vie de la sainte famille à Nazareth complètent le tableau.

 

Scène de vie à Nazareth, photo B de Salaberry                                                                                                      retable, la sainte famille à table, N.lockhart

Le décor fleuri

Le décor de fleurs en guirlande qui entoure les médaillons est typique de l’imagination dans l’ornementation de cette époque.

Sans titre

Ces fleurs peuvent aussi nous rappeler le jardin du Paradis, symbole la félicité et le bonheur.

Dans Le Cantique des Cantiques, le « jardin clos » deviendra une image de Marie, la toute aimée de Dieu, et de sa virginité perpétuelle.

 

 

Dans la peinture religieuse, les fleurs sont associées à de nombreux symboles : la rose renvoie à Marie, le lys à la pureté, l’œillet à la Passion, la pervenche à la fidélité, le muguet dont le nom latin signifie « des vallées du mois de mai » est naturellement associée à Marie en souvenir encore du Cantique des Cantiques : « Je suis le narcisse de Sharon, le lys des vallées »  ; cette fleur est également associée à l’idée d’humilité car sa corolle est tournée vers le bas. [4]

 

 

retable détail ange fleurs, recadrage, photo Nretable autre détail fleurs, N.lockhartCes fleurs de toutes les couleurs sont un régal pour les yeux et la peinture des différentes essences est remarquable. Elles apportent la note de gaieté propre à la tonalité des mystères joyeux de la vie du Christ tout en formant une croix.

 

Celle-ci, fleurie, exprime alors notre Espérance.

 

L’église recèle d’autres trésors : des mosaïques représentant les noms de Marie dans les litanies de Lorette (voir article), des vitraux citant l’Apocalypse (voir article) et d’autres merveilles encore.

Nathalie Lockhart

Pour prolonger la découverte :

 

 

[1] Luc 1, 39 « En ce temps–là, Marie partit en hâte pour se rendre dans le haut pays, dans une ville de Juda. »
2 Samuel 6, 2 « Puis il (David) se mit en route ; avec tout le peuple qui l’accompagnait, il partit de Baalé-de-Juda pour en faire monter l’arche de Dieu »

Luc 1, 43 « Comment m’est–il donné que vienne à moi la mère de mon Seigneur ? »
2 Samuel 6, 9 « Comment l’arche du Seigneur pourrait-elle entrer chez moi ? »

Luc 1, 44 « Voici que l’enfant a bondi d’allégresse en mon sein. »
2 Samuel 6, 14 « David, vêtu d’un pagne de lin, dansait devant le Seigneur, en tournoyant de toutes ses forces. »

 

2 Samuel, 15 « David et tout le peuple d’Israël firent monter l’arche du Seigneur parmi les ovations »

Luc 1, 42 Elisabeth « s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. »

 

Luc 1, 56 « Marie demeura avec Elisabeth environ trois mois, puis elle retourna chez elle. »
2 Samuel 6, 11 « L’arche du Seigneur resta pendant trois mois dans la maison d’Obed-Édom  »
[2] Cité par www.mariedenazareth.com

[3] Devenu évêque en 398, saint Maxime meurt en 420.

[4]  Geneviève Fettweis, Les fleurs dans la peinture des XVe, XVIe et XVIIe siècles Musées royaux des Beaux -Arts de Belgique.