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Saint Anselme de Canterbury


La fête de Saint Anselme, le 21 avril, est l’occasion d’évoquer la vie et la pensée de cet évêque bénédictin, grande figure de la chrétienté du XIe siècle. Son enseignement sur la foi et la raison a pour une part fondé la doctrine de l’Église. Dans notre monde paganisé qui postule la prééminence de l’intellect et promeut le relativisme, Il reste pleinement d’actualité.

Saint Anselme est né en 1033 à Aoste.

Il prend l’habit monastique à l’Abbaye bénédictine du Bec en 1060 et est ordonné prêtre. Trois ans plus tard, il devient prieur, puis abbé en 1079. En 1093, il est nommé évêque de Canterbury. Mort en 1109, il est canonisé en 1494 et proclamé docteur de l’Église en 1720. Il est considéré comme le fondateur de la scolastique,  école de pensée qui fut plus tard développée par Saint Thomas d’Aquin.
A l’occasion du neuf centième anniversaire de sa mort, le pape Benoit XVI lui a consacré son audience générale du 23 septembre 2009. Il y soulignait en particulier que :

Ce moine à la vie spirituelle intense, excellent éducateur de jeunes, théologien possédant une extraordinaire capacité spéculative, sage homme de gouvernement et défenseur intransigeant de la liberté de l’Église, est l’une des éminentes personnalités du moyen âge, qui sut harmoniser toutes ces qualités grâce à une profonde expérience mystique, qui en guida toujours la pensée et l’action.

Il relèvait aussi que « la clarté et la rigueur logique de sa pensée ont toujours eu comme but d’élever l’esprit à la contemplation de Dieu ».

La raison capable de s’élever vers Dieu

Méditant sur la raison, Saint Anselme montre que celle-ci est capable de concevoir

un être supérieur à tous les autres et au-dessus duquel la pensée ne peut rien concevoir.

L’être suprême existe donc dans l’intelligence. Il existe aussi dans la réalité, car sinon il y aurait quelque chose  que la pensée pourrait concevoir au -dessus de lui, ce qui serait contradictoire.
Appelée plus tard preuve ontologique de l’existence de Dieu, l’argumentation ainsi schématisée a été reprise et développée en particulier par Descartes au XVIIe siècle et par le mathématicien Gödel au XXe. Elle a donné lieu à de nombreuses controverses, notamment de la part de philosophes comme Kant ou Spinoza qui peinaient à admettre que l’on puisse prouver l’existence de Dieu.

Peut-on prouver Dieu ?

Se référant à Saint Paul (Rm. 1, 19), L’Église nous enseigne que

Dieu peut être connu avec certitude par la lumière naturelle de la raison humaine, à partir des choses créées. (DV 6)

Force, toutefois est de reconnaître, comme le faisait le pape Pie XII, dans son encyclique « Humani generis », que des obstacles empêchent cette raison d’user efficacement et avec fruit de son pouvoir naturel,

car les vérités qui concernent Dieu et les hommes dépassent absolument l’ordre des choses sensibles.

L’homme a donc besoin d’être éclairé par la révélation de Dieu, même sur des vérités accessibles à la raison.
Saint Anselme lui-même faisait appel à la foi pour éclairer la raison : « Je désire comprendre, au moins jusqu’à un certain point Ta Vérité, que mon cœur croit et aime. »

Je ne cherche  pas en effet à comprendre pour croire, mais à croire pour comprendre

Croire pour comprendre ou comprendre pour croire ?

La foi et la raison sont comme les deux ailes qui permettent à l’esprit humain de s’élever vers la contemplation de la vérité.

Ainsi commence l’encyclique « Fides et ratio » du pape Jean-Paul II. Il y souligne « la capacité de la raison de s’élever au-dessus de ce qui est contingent pour s’élancer vers l’infini »  (n° 24). Ainsi, « l’homme sait reconnaître sa route à la lumière de la raison, mais il peut la parcourir rapidement, sans obstacle et jusqu’à la fin, … »

si avec rectitude, il situe sa recherche dans la perspective de la foi (n° 16).

Réconcilier la foi et la raison, c’était aussi comme une obsession du pape Benoît XVI. Cela reste une exigence essentielle dans notre monde qui tend à disqualifier la foi en la reléguant au nombre des croyances soumises au relativisme. Puissions-nous donc cultiver l’intelligence de notre foi, tout en demandant à Dieu d’éclairer notre intelligence par la foi.

Pour aller plus loin

Pape Benoît XVI ; Audience Générale du 23 septembre 2009, consacrée à Saint Anselme.
« Catéchisme de l’Église catholique » N° 31 à 35 : Les voies d’accès à la connaissance de Dieu.
Pape Jean-Paul II ; Encyclique « Fides et ratio » ; en particulier n° 15 à 24 : Croire pour comprendre, comprendre pour croire.
Saint Anselme ; « Proslogion » , chapitre II

La vérité que la Révélation nous fait connaître n’est pas le fruit mûr ou le point culminant d’une pensée élaborée par la raison. Elle se présente au contraire avec la caractéristique de la gratuité, elle engendre une réflexion et elle demande à être accueillie comme expression d’amour (Fides et ratio n° 15)