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Six saints et saintes pour l’Europe


Choisis par deux papes du XX° siècle pour être les patrons et patronnes de l’Europe, ces saintes figures sont proposées comme signes du besoin d’unité du continent et du nécessaire renouveau spirituel que les chrétiens peuvent lui insuffler.

Pourquoi donner des saints patrons à l’Europe ?

L’initiative de donner un saint patron à l’Europe, remonte à l’époque du Pape Paul VI. Nous sommes en 1964. La troisième session du Concile Vatican II est sur le point de s’achever avec la publication de « Lumen gentium » où l’Église est proclamée comme le signe et le moyen de l’unité de tout le genre humain. Sept année plus tôt, quelques pays européens se sont donnés les moyens, avec la création de la CCE, de progresser vers une intégration économique.

C’est dans ce contexte que le 20 septembre 1964, le pape Paul VI, relevait que le continent « à peine sorti de deux guerres et de deux idéologies tragiques, était à la recherche d’une nouvelle identité » (1) et appelait à un renouveau éthique et spirituel. C’est pourquoi il a souhaité mettre l’Europe sous le patronage de Saint Benoît de Nursie qui sut, en son temps, lui donner un ferment d’unification sous le signe de la foi.

Restant dans la même ligne, le pape Jean-Paul II soulignait en 1999 (2), la place centrale et caractéristique du christianisme dans l’histoire complexe de l’Europe. Il appelait les chrétiens à en prendre une conscience renouvelée, assortie du devoir d’apporter leur contribution spécifique à la construction de l’Europe. Dans cette perspective, il lui a semblé que « les chrétiens européens […] peuvent tirer un profit spirituel de la contemplation et de l’invocation de certains saints qui sont de quelque manière particulièrement représentatifs de leur histoire ».

Saint Benoît de Nursie

L’influence de Saint Benoît, fondateur au VI e siècle du monachisme occidental, s’est étendue sur une grande partie de l’Europe dont il devint le saint patron, désigné par le Pape Paul VI, avec ces mots : « Lui et ses fils avec la Croix, le livre et la charrue, apporteront le progrès chrétien aux populations s’étendant de la Méditerranée à la Scandinavie, de l’Irlande aux plaines de Pologne » (3).

A propos de Saint Benoît, le Pape Benoît XVI soulignait que « l’œuvre du saint et, en particulier, sa Règle se révélèrent détentrices d’un authentique ferment spirituel qui transforma le visage de l’Europe au cours des siècles, bien au-delà des frontières de sa patrie et de son temps, suscitant après la chute de l’unité politique créée par l’empire romain une nouvelle unité spirituelle et culturelle, celle de la foi chrétienne partagée par les peuples du continent. C’est précisément ainsi qu’est née la réalité que nous appelons “Europe”. » (4)

 

Saints Cyrille et Méthode, apôtres des slaves au IV e siècle

 

Nés à Thessalonique, Cyrille et son frère Méthode ont été envoyés vers les peuples slaves par l’impératrice Théodora, sous l’influence du patriarche Ignace. Cyrille est connu pour la mise au point de l’alphabet qui porte maintenant son nom et lui servit d’outil d’évangélisation. Agissant au nom du patriarche d’Orient, les deux frères ont accompli leur ministère en union avec le siège romain de Pierre, « manifestant ainsi l’unité de l’Église » (5).

Le 31 décembre 1980, le Pape Jean-Paul II, rappelait, dans sa lettre apostolique « Egregiae virtutis » la coïncidence de deux évènement. Il s’agissait d’abord du 1 500 e anniversaire de la naissance de Saint Benoît, déjà nommé patron de l’Europe. Le second était le centième anniversaire de l’encyclique « Grande munus » par laquelle le pape Léon XIII instituait le 5 juillet comme date de la célébration des saints Cyrille et Méthode. Il lui apparaissait donc utile de joindre ces deux saint au premier, comme co-patrons de l’Europe. Il voyait dans cette annonce « un moyen de compréhension mutuelle et d’union entre les différents peuples de l’Europe naissante et garantissait à l’Europe d’aujourd’hui un héritage spirituel et culturel commun » (6).

Trois saintes

Après trois hommes dont la sainteté a traversé les siècles, Jean-Paul II, par sa lettre apostolique « Spes aedificandi » (7) du 1er octobre 1999, a doté l’Europe de trois saintes patronnes, « figures également emblématiques de moments cruciaux du deuxième millénaire qui touche à sa fin » : sainte Brigitte de Suède, sainte Catherine de Sienne, sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix. « Trois grandes saintes, trois femmes qui, […] se sont signalées par l’amour actif de l’Église du Christ et le témoignage rendu à sa Croix ».

Sainte Brigitte de Suède

Sainte Brigitte, née en Suède vers 1302, morte à Rome en 1373, a été canonisée en 1391. Elle apparaît comme une sainte mère de famille, mystique et fondatrice d’ordre. Sa ferveur pour les pèlerinages lui a valu d’être désignée comme patronne des pèlerins. Le Pape Jean-Paul II relève que « c’est par le sens profond du mystère du Christ et de l’Église que Brigitte participa à la construction de la communauté ecclésiale, à une période notablement critique de son histoire. » Il la cite également comme porteuse d’un signe d’unité pour l’Église.

Sainte Catherine de Sienne

Sainte Catherine est une religieuse dominicaine, née à Sienne en 1347 est morte à Rome 33 ans plus tard. Le Pape Paul VI l’a déclarée docteur de l’Église en soulignant sa « science infuse, c’est-à-dire l’assimilation brillante, profonde et enivrante de la vérité divine et des mystères de la foi  » (8). Elle a milité pour une réforme de l’Église, alors troublée à l’époque où les papes étaient installés à Avignon. Elle le faisait « non par la guerre, mais dans la paix et le calme, par des prières humbles et continuelles, dans les sueurs et les larmes des serviteurs de Dieu ». En la faisant patronne de l’Europe, le Pape Jean-Paul II a souligné sa liberté de ton vis à vis des rois et ecclésiastiques de tous rang. Elle voulait « déraciner dans le jardin de l’Église les plantes pourries et les remplacer par des plantes nouvelles fraîches et odorantes. »

Édith Stein, Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix

Avec Édith Stein, qu’il avait canonisée le 11 octobre 1998, sous le nom de Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix, Le pape Jean-Paul II change de registre. La sainte carmélite, d’origine juive est une philosophe dont il relève sa participation personnelle à la Croix, lors de sa déportation et sa mort à Auschwitz. Il voit dans son témoignage de victime innocente une « protestation élevée contre toutes les violations des droits fondamentaux de la personne. »

« D’autre part, le gage de la rencontre renouvelée entre juifs et chrétiens qui, dans la ligne voulue par le Concile Vatican II, connaît un temps prometteur d’ouverture réciproque. »

« Déclarer aujourd’hui Édith Stein co-patronne de l’Europe signifie déployer sur l’horizon du vieux continent un étendard de respect, de tolérance, d’accueil, qui invite hommes et femmes à se comprendre et à s’accepter au-delà des diversités de race, de culture et de religion, afin de former une société vraiment fraternelle. »

Un espoir pour l’Europe et un appel aux chrétiens

En concluant sa lettre apostolique, le Pape Jean-Paul II insiste particulièrement sur le rôle du christianisme pour l’édification d’une nouvelle Europe sur des bases solides et « sur les valeurs authentiques, qui ont leur fondement dans la loi morale universelle, inscrite dans le cœur de tout homme. » Il appelle donc tous les chrétiens à s’engager à un témoignage renouvelé de l’Évangile.

Philippe de Pompignan


1 Cité par l’article « Saint Benoît de Nursie » sur le site « Nominis »
2 Lettre apostolique du « Spes aedificandi » du 1er octobre 1999.3 Cf. note 1
4 Audience générale du mercredi 9 avril 2008
5 Lettre apostolique « Egregiae virtutis » du Pape Jean-Paul II
6 d°
7 Voir note 2.
8 Homélie du Pape Paul VI, le 3 octobre 1970