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Un chemin spirituel à la suite du prophète Élie


Consacrée en 2003, l’édification de l’église Sainte-Thérèse de Chatou s’est achevée avec la bénédiction en 2018 de vitraux illustrant le chemin spirituel du prophète Élie relaté dans le premier livre des Rois. Élie est considéré comme l’inspirateur de l’ordre du Carmel auquel appartenait sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus.

Réalisés par Jacques Loire, maître-verrier chartrain, ce cycle donne une représentation symbolique des étapes de la vie du prophète. Ces vitraux sobres et clairs laissent le regard traverser le verre coloré et percevoir le jardin légèrement surélevé situé derrière l’église. Cette transparence, souhaitée par la communauté paroissiale, ajoute aux lignes des vitraux une vibration poétique et changeante au fil des saisons et de la lumière.

Par ce chemin de lumière, celui qui contemple les vitraux est invité à rencontrer Dieu à la suite d’Élie.

Le cycle de la vie du prophète est représenté dans les 8 verrières latérales, les verrières du chœur évoquent la grâce donnée par le Christ et la rosace située dans le fond de l’église interprète la scène de la transfiguration.

 

 

 

 

Le chemin de l’homme, un chemin de vie avec le Christ

Deux lignes courent tout au long de ces vitraux : une ligne brune symbolise le chemin de l’homme sur la terre et un trait de lumière, jaune, figure la vie divine qui accompagne l’homme au fil de sa vie.

Le chemin d’Élie traverse le désert, la montagne de l’Horeb, du mont Carmel. C’est aussi le nôtre et celui de tout croyant.
Il se termine sous la forme d’un arc pris dans le mouvement de la croix de bois flotté située derrière l’autel.
Notre route sur cette terre est assumée par le Christ en croix pour nous conduire à la vie en plénitude.
Le chemin jaune de la Vie est porté dans une colonne ascendante dans les deux vitraux situés dans le chœur représentant l’envoi en mission des apôtres à la Pentecôte, et le don de Jésus lors de l’Eucharistie.

 

 

Tout au long de ce chemin, Dieu prend soin de l’homme

Au moment de la sécheresse, il n’y a plus ni pluie, ni rosée, mais Dieu dit à Elie :
« Va-t’en d’ici, dirige-toi vers l’est, et cache toi près du torrent de Kérith, qui se jette dans le Jourdain. Tu boiras au torrent, et j’ordonne aux corbeaux de t’apporter ta nourriture.
Le prophète fit ce que le Seigneur lui avait dit, et alla s’établir près du torrent de Kérith, qui se jette dans le Jourdain. Les corbeaux lui apportaient du pain et de la viande, matin et soir, et le prophète buvait au torrent.” (1 Rois 17, 1 -7)

Les vitraux jouent sur le vert de l’herbe et celui de la végétation que l’on perçoit au second plan, l’herbe qui maintient en vie les troupeaux (I Rois 18, 2-5) et le vert devient symboliquement signe d’Espérance.
Lorsqu’Élie est menacé par la reine Jézabel pour avoir éliminé les faux prophètes, il fuit dans le désert (I Rois 19, 3 – 8) et perd le goût de la vie. Mais l’ange de Dieu le réconforte et le nourrit. Des formes sobres évoquent l’aile de l’ange de Dieu et le vol des corbeaux.
A travers l’histoire d’Élie, nous comprenons la présence indéfectible du Seigneur au cœur de l’épreuve.

 

 

Élie un prophète d’eau et de feu

Lors de la sécheresse, l’eau du torrent du Kerith se tarit et tout le peuple attend la pluie. Élie reproche à Israël de faire confiance aux faux dieux de Baal que vénère la reine Jézabel. Alors que le roi Acab a convoqué le peuple sur le mont Carmel, Élie lance un défi : « Vous invoquerez le nom de votre dieu, et moi, j’invoquerai le nom du Seigneur : le dieu qui répondra par le feu, c’est lui qui est Dieu. » La foule répondit : « C’est d’accord. »
Les prophètes de Baal crient et supplient leurs dieux tout le jour sans succès « Élie se moqua d’eux en disant : « Criez plus fort, puisque c’est un dieu : il a des soucis ou des affaires, ou bien il est en voyage ; il dort peut-être, mais il va se réveiller ! »

C’est alors qu’il propose une démonstration de la puissance de Dieu :

« Emplissez d’eau quatre cruches, et versez-les sur la victime et sur le bois. » Et l’on fit ainsi. Il dit : « Une deuxième fois ! » et l’on recommença. Il dit : « Une troisième fois ! » et l’on recommença encore. L’eau ruissela autour de l’autel, et la rigole elle-même fut remplie d’eau. À l’heure du sacrifice du soir, Élie le prophète s’avança et dit : « Seigneur, Dieu d’Abraham, d’Isaac et d’Israël, on saura aujourd’hui que tu es Dieu en Israël, que je suis ton serviteur, et que j’ai accompli toutes ces choses sur ton ordre. Réponds-moi, Seigneur, réponds-moi, pour que tout ce peuple sache que c’est toi, Seigneur, qui es Dieu, et qui as retourné leur cœur ! » Alors le feu du Seigneur tomba, il dévora la victime et le bois, les pierres et la poussière, et l’eau qui était dans la rigole. Tout le peuple en fut témoin ; les gens tombèrent face contre terre et dirent : « C’est le Seigneur qui est Dieu ! C’est le Seigneur qui est Dieu ! » (1 Rois 18, 34-39)

C’est aussi dans un char de feu, qu’Élie sera enlevé vers le ciel après avoir transmis sa charge de prophète à Élisée.

« Pendant qu’ils passaient, Élie dit à Élisée : « Dis-moi ce que tu veux que je fasse pour toi avant d’être enlevé loin de toi. » Élisée répondit : « Que je reçoive une double part de l’esprit que tu as reçu ! » Élie reprit : « Tu demandes quelque chose de difficile : tu l’obtiendras si tu me vois lorsque je serai enlevé loin de toi. Sinon, tu ne l’obtiendras pas. » Ils étaient en train de marcher tout en parlant lorsqu’un char de feu, avec des chevaux de feu, les sépara. Alors, Élie monta au ciel dans un ouragan. » (2 Rois 2, 9-11)

 

 

Dieu nous parle dans la brise légère

Élie est un « fou de Dieu », un zélé, un impulsif qui veut rendre témoignage de la puissance du Dieu d’Israël.
Mais Dieu le conduit par un chemin de renoncement et de rencontres où il apprend la pauvreté, l’incapacité, la faiblesse et l’invite seulement à marcher avec Lui dans la confiance.

Il apprend à Élie l’abandon de la violence et le déplace d’une attitude de toute-puissance vers une véritable humilité. Cela passe notamment par l’épreuve intérieure qu’Élie traverse alors qu’il fuit au désert, épreuve que chacun peut connaître quand la mission semble un échec. Le vitrail gris exprime la profonde désolation intérieure d’Elie, au creux de laquelle il découvre le souffle très fin de la présence de Dieu, comme le murmure d’une brise légère.

 

 

Au fond de l’église, un oculus représente la Transfiguration. Une mandorle lumineuse traversée par une croix blanche brille sur la montagne de l’Horeb. Jésus y a manifesté la gloire de Dieu en présence de Moïse et Élie symbolisés par les tables de la Loi et le feu, annonçant sa victoire sur la mort.
Ici, comme dans chaque église, Dieu est aussi présent qu’à l’Horeb en sa Parole proclamée et dans le pain consacré. Tels Pierre, Jacques et Jean, nous sommes en présence de la gloire du ressuscité.

Alors, comme Élie le prophète d’eau et de feu, comme les apôtres à la transfiguration, renouvelés dans le souffle de l’Esprit, nous pouvons aller témoigner de l’amour de Dieu qui est eau vive et feu d’amour tout à la fois.

Claude Geoffray, service de formation
Nathalie Lockhart, service Art Sacré

Carême 2020