Logo diocèse de Versailles

Nice : Hommage aux trois victimes à Trappes et à Mantes


Ces deux paroisses implantées dans des quartiers avec une population musulmane importante s’inscrivent dans la continuation du dialogue inter-religieux en lien avec les autorités locales.

A Mantes, de toutes confessions, unis dans un même hommage

A Mantes-La-Jolie, une cérémonie à l’issue de la messe de Toussaint a été organisée dans la collégiale avec la municipalité. Après les interventions du curé, le p. Matthieu Williamson et du maire, M. Raphaël Cognet, une minute de silence a été observée.

Nous sommes réunis ce matin pour prier et nous recueillir. Ce rassemblement est le signe que nous ne répondrons à la haine et à la violence que par l’unité, le respect et la fraternité. Merci Monsieur le maire d’avoir proposé cet hommage commun dans l’église. Merci aux musulmans de témoigner de votre amitié par votre présence. Jeudi après-midi, j’ai trouvé des fleurs dans la collégiale avec ce petit mot : « A mes frères chrétiens, une pensée aux familles, (signé) un simple français de confession musulmane » Merci aux chrétiens d’autres confessions d’être présent ce matin. (…)
Dieu est amour et source d’amour. Sur la croix, Jésus maltraité, injustement condamné, a aimé jusqu’au bout et a dit : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font ». Trois jours après, il est ressuscité d’entre les morts, il est vivant pour toujours. C’étaient les ténèbres, ce fut la lumière ! C’est pourquoi, en ce jour de cette grande fête de la Toussaint où nos yeux sont tournés vers le Ciel, les catholiques de Mantes-la-Jolie apportent symboliquement 3 bougies allumées pour Nadine, Simone et Vincent. Dans l’unité, recueillons-nous pour une minute de silence !

Des gerbes ont ensuite été déposées à la chapelle du souvenir de la collégiale où viennent se recueillir les paroissiens depuis la première guerre mondiale.
Plusieurs élus des Yvelines étaient présents, ainsi que de nombreux musulmans dont certains ont assisté à la messe, beaucoup d’anonymes aussi. Tous ont été touchés par cette unité et la possibilité de se recueillir ensemble.

A Trappes, la proposition d’un autre visage

Le p. Etienne Guillet, curé de Trappes a délivré un message pro-actif à l’issue de la messe de la Toussaint sur la place de l’église en présence du conseil municipal de Trappes et des responsables religieux musulmans, juifs et chrétiens de la ville.

« Comment réagir ? Quel chemin dois-je choisir personnellement et pour la communauté chrétienne ?  Pour nous chrétiens, l’Évangile est la boussole et nous lisons ce passage, bien connu de tous : « Si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre » (Mt 5). En réalité une traduction, plus juste, serait « Lorsque l’on te frappe le visage, tends un autre visage ». 

Alors quel est cet autre visage ? Est-ce le visage béat de l’angélisme, de la naïveté ? Non, ce serait passer à côté de la vérité : comme responsables religieux, nous avons une responsabilité. Celle des messages qui sont transmis et de ce qui se dit. Il y a les prêches que nous faisons dans nos lieux de culte ; mais il y a aussi tous ces canaux informels qui impactent plus encore nos communautés. 

Sur l’« autre différent », que disons-nous finalement ? Et que laissons-nous dire dans les réseaux inter-personnels de nos communautés ? Dans les familles, au dîner du soir ? Nous avons la responsabilité de guider les membres de nos communautés en nous exposant nous-mêmes sans ambiguïté, sans cesse et clairement. 

Présenter un autre visage : celui de la paix, malgré l’agression. Celui de la fraternité et non celui de la colère et de la vengeance. Ce visage de la fraternité qui est la seule réponse constructive pour l’avenir, à ce qui a été vécu à Nice, à Saint-Étienne-du-Rouvray, mais aussi à Conflans-Sainte-Honorine, à Paris… Aux politiques et aux policiers d’apporter les réponses qui relèvent de leur mission. Aux responsables de communautés humaines de bâtir localement les ponts entre nous, sans réduire l’autre à une étiquette et en lui accordant un visage, celui du frère. Si nous désertons, le corps social se fracturera. (…) Plutôt qu’à se moquer d’autrui, à tourner en dérision ce qui compte profondément pour lui, à l’humilier même d’une certaine façon, il s’agit d’enseigner le respect de l’autre, l’accueil de l’autre et même l’émerveillement souvent devant ce qu’il porte. 

C’est un tout autre chemin qui nous habite… La fraternité est donc l’orientation qu’à Trappes, nous choisissons et re-choisissons aujourd’hui.”

Un olivier a été planté, symbole des espoirs placés dans la capacité de chacun à faire grandir la paix.

Autres articles sur le même sujet :