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Partager son toit avec de jeunes migrants


Environ 30 familles du doyenné de Trappes se sont constituées en association “AMIS78” – Accueil migrants isolés Sud Yvelines – pour héberger des jeunes migrants non reconnus mineurs jusqu’à ce que leur situation s’éclaircisse. Bénévole de la première heure, Hubert R. raconte :

L’aventure a commencé il y a trois lorsque des familles, alertées par le Secours catholique, se sont émues du sort de jeunes migrants non reconnus mineurs par l’aide sociale à l’enfance. Un flou juridique fait qu’ils ne peuvent plus bénéficier de l’accueil en hôtels sociaux ou dans les structures d’urgence et se retrouvent donc à la rue.

Des familles qui se relaient pour offrir un toit

Des appels en paroisse à Trappes, au Mesnil-Saint-Denis et à Elancourt-Maurepas ont été lancés pour trouver des relais d’hébergement pour ces jeunes, déclencher les procédures administratives et les scolariser. Les premiers à répondre étaient plutôt des couples de retraités ayant les chambres de leurs propres enfants disponibles mais désormais tous les types de familles se portent volontaires que ce soit pour un WE, une semaine de vacances ou plusieurs mois.

En faisant appel en justice, il arrive que la minorité du jeune soit finalement reconnue ; il peut être alors confié à une tierce personne digne de confiance jusqu’à sa majorité : la famille d’accueil si elle l’accepte. C’est alors un engagement à plus long terme.

La scolarisation, étape essentielle à l’intégration

Une remise à niveau est parfois effectuée en classe UPE2A où le français leur est appris. Ils rejoignent souvent un lycée les préparant pour un CAP ouvrant à une alternance lorsqu’ils auront 18 ans et la possibilité de rejoindre un foyer de jeunes travailleurs. 

Ces jeunes qui ont traversé de nombreuses épreuves pour arriver jusqu’en France manifestent, selon leurs professeurs, beaucoup de bonne volonté pour apprendre et sont moteurs de classe. Certains ont même été nommés délégués. Admirant cette combativité, plusieurs familles du monde éducatif, sans lien connu avec les paroisses, ont souhaité rejoindre l’association et accueillir chez elles un jeune qu’elles connaissaient.

Des actions ont été menées en partenariat avec la Direction de l’Enseignement catholique pour des jeunes arrivés en cours d’année et intégrés au collège Saint-Louis ND du Bel-Air de Montfort-l’Amaury ou à Sainte-Thérèse du Mesnil-Saint-Denis.

Apprendre à connaître l’Autre

Un autre objectif de taille est l’ouverture à l’Autre : en côtoyant d’autres jeunes en classe, dans les familles puis plus tard en entreprise…
Une découverte qui n’est pas à sens unique : une rencontre avec les élèves du Sacré-Coeur à Versailles a été l’occasion d’écouter les jeunes “slamer” (poésie urbaine) sur le thème de la migration. Cela élargit les horizons de part et d’autres.

En 2019, il y a eu un grand repas africain rassemblant les familles et les jeunes qui avaient pour l’occasion cuisiné des recettes de leur pays d’origine.

Dans les familles, tous témoignent d’échanges fructueux dans un respect mutuel. En partageant le quotidien de familles catholiques, ces jeunes, musulmans pour la plupart, seront pour les années à venir des ambassadeurs du dialogue interreligieux là où ils vivront. Les liens d’amitié tissés sont forts et le contact maintenu même après leur départ.

Un réseau qui fait tâche d’huile

Le réseau s’est petit à petit étendu et va peut-être gagner d’autres zones des Yvelines suivant les affectations de l’Aide sociale à l’enfance ou les lieux de scolarisation des jeunes. Toujours en lien avec le Secours catholique, il s’est constitué en association en mai 2020 notamment pour avoir une visibilité propre vis à vis des pouvoirs publics.
Si vous êtes intéressé, contacter : amis78@mailo.fr

Propos recueillis par Valentine Faure
Photos DR