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Pour une rencontre heureuse des cultures dans nos liturgies


Samedi 26 mars, une quarantaine de personnes de toutes origines se sont retrouvées à Poissy pour une formation Liturgie proposée dans le cadre du projet Église métisse.

Vous avez dit « métisse » ?

Les échanges allaient bon train le samedi 26 mars à Poissy pour la formation « Liturgie métisse ». L’ambiance était détendue, familiale presque, parmi les participants venus d’une dizaine des paroisses des Yvelines, certaines marquées par la diversité depuis longtemps, d’autres voulant se lancer pour mieux intégrer cette diversité.

« Liturgie métisse », cela ne veut pas dire « pour les métis » mais bien liturgie qui cherche à faire une place aux différentes sensibilités culturelles présentes dans une paroisse. « Notre Église n’est-elle pas déjà métisse puisqu’elle est universelle ? » Certes, mais la rencontre des cultures et le métissage qui en découle se vivent différemment au fur et à mesure qu’augmente dans nos paroisses la proportion de familles d’origine migrante.

Procession de Notre-Dame de Velankanni par les Tamouls à Chanteloup-les-Vignes

« Ne risque-t-on pas  de favoriser le communautarisme ? » Justement, notre Église catholique est ce lieu d’unité qui permet aux fraternités ethniques de s’ouvrir et d’être visibles sans tomber dans le communautarisme. La culture ambiante est corrosive à l’égard de la foi. Il est bon de s’appuyer sur les dynamiques ethniques pour résister mais aussi pour proposer une foi plus spontanée et communicative. Ce serait dommage de passer à côté d’une telle richesse.

Des convictions pour soutenir un beau projet

C’est la première conviction du projet Église métisse : les catholiques d’Afrique, des Antilles, de l’Océan indien … et d’ailleurs contribuent à rajeunir beaucoup de paroisses, par la moyenne d’âge, mais aussi par un style joyeux qui intègre mieux le corps dans la prière.

Ensuite, cette diversité est liée à notre histoire nationale, qui a connu des heures de gloire et des moments plus sombres. Des blessures ressortent. Une autre conviction tourne autour de la réconciliation, de la pacification de relations en partie marquées par l’histoire. Il ne s’agit pas de favoriser des attitudes victimaires, bien au contraire, mais de replacer les souffrances du passé dans les plaies du Christ pour qu’en lui elles deviennent source de renouvellement pour notre Église… et au-delà.

L’incompréhension dépasse en effet l’orbite catholique. On pense à tous les français musulmans mal intégrés. Par nos origines et notre foi, nous nous retrouvons entre une population autochtone pas ou peu croyante et des adeptes d’une autre religion cherchant à s’affirmer. N’est-ce pas notre vocation de travailler à étendre bien au-delà de notre communauté le germe de réconciliation que nous y vivons déjà ? La rencontre heureuse dans nos paroisses entre catholiques autochtones et d’origine migrante peut devenir, c’est la troisième conviction, le signe et l’instrument d’une rencontre plus large au sein de la nation.

« Le fils aîné entendit les chants et la fête… »

Les attentes ne sont pas les mêmes entre paroisses où plus de la moitié de l’assemblée est d’origine migrante et paroisses moins mélangées.
Dans les premières, des fraternités ethniques se constituent. Elles prennent en charge à leur rythme une messe et permettent une meilleure intégration de leurs membres.
Les secondes organisent des événements ponctuels tels que les messes des peuples. L’attention à la diversité ethnique rend alors plus sensible aux diversités, sociale, spirituelle ou autres, et contribue à rendre les paroisses plus accueillantes.

Giovanni avec sa fille dans les bras

La formation du 26 mars était proposée par le Groupe de Travail Liturgie du projet, piloté depuis sa création par Giovanni, 36 ans, d’origine béninoise.
Les rencontres précédentes ont permis de réaliser un « prototype » où sont décrites les possibilités qu’offre la liturgie pour insérer des rites ou des gestes d’autres traditions culturelles. On pense à la procession des offrandes ou aux chants, mais cela va au-delà, par le soin apporté à l’avant et à l’après-messe et par un style spontané de prière. Plusieurs paroisses ont déjà mis en œuvre le prototype. La formation visait à transmettre l’expérience des « anciens » aux « nouveaux » pour les aider à se lancer.

À la messe finale, nous avons médité l’Évangile du fils prodigue. Le fils aîné, après avoir entendu les chants et les danses, refuse de participer à la fête pour son frère. Le bonheur de notre Père du ciel n’est-il pas de voir tous ses enfants réunis au même Repas de fête ?

 

Père Thierry de Lastic,
modérateur du projet Église métisse