Logo diocèse de Versailles

Plan 75, un film japonais pour réfléchir à la fin de vie


Une réflexion sur la fin de vie et le grand âge considéré comme devenu inutile pour la société japonaise ; mais aussi sur la société et la place des ainés, la dignité humaine et le bien commun, sur notre rapport au temps et aux souvenirs.

Comédie dramatique de Chie Hayakawa sortie cinéma en 2022, 1h52

Résumé

Au Japon, Michi a 78 ans, vit seule et n’a pas de retraite. Quand elle perd son travail, elle va choisir la nouvelle proposition offerte aux séniors, Plan 75, qui permet un accompagnement financier et logistique pour mettre fin à ses jours. Pourtant elle va bien !

La fiche d’animation complète

Pour une réflexion sur l’euthanasie et la fin de vie

Le contexte social et culturel du film

La première séquence du film permet de rappeler le contexte japonais. Il se réfère à un évènement de 2016 où un homme de 26 ans a assassiné dix-neuf résidents d’un établissement pour personnes handicapées estimant qu’elles étaient une charge pour la société et voulant provoquer un débat pour légaliser l’euthanasie pour les personnes handicapées. La réalisatrice élargit la question aux personnes pauvres ou âgées en imaginant un produit financier comme un produit d’assurance.

Le film est bien une fiction futuriste, très réaliste qui entre en résonance avec les nombreux débats parlementaires dans plusieurs pays sur la fin de vie.

La société japonaise et les anciens

  • Que nous montre le film sur la manière dont vivent les ainés au Japon ?

En retraçant d’abord l’évolution des personnages principaux – Michi et l’oncle ainsi que les deux jeunes Hiromu et la jeune écoutante –  (mariages arrangés, absence de retraite, pas d’entraide familiale dans les milieux populaires montrés, la grand-mère Ineko ne connait pas ses petits-enfants,…)

  • Comment la honte est montrée et recule l’appel aux services sociaux ?

Les personnages vivent dans un quartier populaire. Quels indices de ces milieux pauvres ? Les couleurs sont globalement tristes et ternes. Michi voit l’affiche annonçant la destruction de son logement et la nécessité de rechercher un autre logement…tout en espérant pouvoir se passer de l’aide sociale ; l’oncle collecte les cartes de donneurs de sang qui permettent de gagner trois sous. Mais ces vieilles personnes travaillent comme elles peuvent dans une grande dignité. Et leur culture les a habituées à une stricte obéissance.

Culturellement, les marques de déférence quand les personnes se parlent sont nombreuses même quand le sujet est grave. La politesse reste très présente, on sert le thé, le saké.

Personne ne se révolte. Un certain fatalisme oriental ? Personne n’exprime ses sentiments. (seules les deux mains des vieilles femmes en gros plan traduisent une amitié, un soutien)

  • Pour Hiromu, qu’est-ce qui va déclencher son questionnement ?

Vendre le Plan 75 est une chose, que son oncle y adhère le touche de près. Découvrir que les traitements des déchets humains sont un déchet comme un autre. La crémation collective fait disparaitre totalement la personne.

La réalisatrice glisse du cynisme dans les dialogues, par exemple en faisant demander s’il y a une sélection, une visite médicale pour prétendre au Plan 75. Pourtant les personnages ne sont ni malades, ni handicapés ; physiquement, ils ne souffrent pas, et semblent tout à fait capables de continuer à vivre. Information complémentaire à noter :  29 % de la population japonaise a plus de 65 ans ce qui est un record.

Le Japon a pourtant l’image d’un pays qui respecte ses anciens…

sans doute par l’influence des films des années 1950 où la famille était idéalisée avec la représentation de parents, d’enfants et de grands-parents vivant sous le même toit. Ce lien entre les générations n’existe plus, les individus sont de plus en plus isolés.

  • Quelles valeurs de la société sont mises en avant ?

La fierté, le bien pour la nation qui passe avant le choix individuel, le rapport à la mort…comment le film les souligne-t-il ?

  • Quel modèle de société dénonce la réalisatrice ?

Euthanasie et capitalisme ? L’objectif de rentabilité et résultat, l’absence de liens sociaux suppriment l’humanité qui est en nous…

  • Quels petits signes d’espérance jalonnent la deuxième moitié du film ?

Quel est le rôle de Maria l’aide-soignante philippine à la fille malade ? N’est-elle pas la seule qui court et pédale vers la vie pour sauver sa fille ?

On repérera les deux mains des deux amies qui se rejoignent, la fenêtre ouverte entre Michi et l’oncle au moment de la mort de celui-ci, la qualité des échanges de regards, l’ode à la vie du chant final…

La fin de vie : comment ce qui est montré résonne-t-il avec le commandement « tu ne tueras point » ou « tu aimeras ton prochain comme toi-même » ?