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A la découverte du Séminaire français de Rome


Nommé recteur pour 5 ans en septembre 2022, le Père Olivier de Rubercy a bien voulu répondre à nos questions sur le Séminaire français de Rome fondé en 1853 : qui y est envoyé, pourquoi et comment il y vit sa mission de recteur.

Pourquoi certains séminaristes sont-ils envoyés à Rome, et qu’y apprennent-t-ils ?

Après trois premières années de formation, d’abord à la Maison Saint-Jean-Baptiste à Versailles puis à la maison Pierre-de-Porcaro à Chatou, certains séminaristes de notre diocèse sont envoyés à Rome par l’évêque tandis que d’autres rejoignent le séminaire des Carmes de l’Institut catholique de Paris, le séminaire de Paris, le séminaire Saint-Sulpice à Issy-les-Moulineaux ou le studium Notre-Dame-de-Vie à Venasque. Les programmes varient d’un séminaire à l’autre mais pour tous, le deuxième cycle d’étude conduit à l’obtention du Baccalauréat de Théologie (niveau licence).

A Rome, leur formation va s’enrichir d’une connaissance plus large et plus universelle de l’Eglise au contact des séminaristes, religieux/religieuses, et laïcs en provenance du monde entier qui viennent étudier à Rome dans les universités pontificales. Ils sont envoyés aussi à Rome pour que s’affermisse leur lien avec le Pape, successeur de Pierre, et ceux qui dans les différents organismes du Saint-Siège travaillent à ses côtés dans le gouvernement de l’Eglise. Ils bénéficient aussi de tout ce que la Ville de Rome peut leur apporter comme témoignages de foi à travers la vie des saints qui ont marqué cette ville jusque dans ses pierres.

Parce qu’ils viennent de différentes régions de France (et même d’ailleurs), le Séminaire français est aussi un lieu privilégié pour tisser des relations fraternelles et spirituelles avec des séminaristes de différents diocèses de France ; relations qu’ils pourront continuer d’entretenir une fois prêtres, comme membres d’une même fraternité sacerdotale. En ce moment le Séminaire français compte 34 étudiants répartis en 17 séminaristes, 4 diacres, bientôt ordonnés prêtres et 13 prêtres étudiants. Notre diocèse de Versailles compte actuellement au Séminaire français de Rome : 2 séminaristes et 3 prêtres étudiants, dont deux seront de retour sur le diocèse à la rentrée prochaine.

Comment s’articulent les activités ?

Il convient de distinguer le lieu de vie et de liturgie qui est le Séminaire français et le lieu d’études que sont les Universités pontificales. L’équipe des formateurs du Séminaire est composée de six membres : cinq prêtres de différents diocèses et une laïque consacrée. Pour ma part, j’avais déjà reçu des missions consacrées aux vocations, comme responsable du Service diocésain des Vocations et de l’année de propédeutique, la Maison Saint Jean-Baptiste de Versailles. J’ai aussi été père spirituel et membre du conseil du premier cycle du séminaire de Versailles et accompagnateur au centre spirituel Manrèse (92).

Les enseignements sont donnés pour la plupart dans l’une des universités pontificales et sont assurés par des personnes en provenance du monde entier, qu’ils soient prêtres, religieux, religieuses ou laïcs, consacrés ou non. Les étudiant sont aussi d’origines et d’état de vie variés.

Chaque séminariste, diacre et prêtre reçoit un apostolat où il est envoyé chaque semaine. Cet apostolat se vit auprès d’une paroisse, d’une école ou encore d’une communauté religieuse. Ce sont des expériences formatrices, riches et extrêmement complémentaires avec les études.

Nous accueillons enfin des groupes et des pèlerins de passage à Rome pour leur faire visiter le Séminaire français. Ils reçoivent ainsi le témoignage des séminaristes, le témoignage de la vocation ; comment le Seigneur appelle et qui y répond.

Être à Rome, est-ce que cela influence votre propre ministère ? Est-ce que cela aura une influence sur le ministère des futurs prêtres qui y seront passés ?

Être à Rome élargit mon cœur et mon intelligence aux dimensions de l’Eglise universelle (1).
Cela dilate mon cœur et le rend davantage capable d’accueillir un étranger chrétien comme un véritable frère ou une véritable sœur dans la foi. Je goûte davantage à la grâce qui m’a été faite au jour de mon baptême d’être chrétien catholique. Je mesure combien la seule force capable de rassembler dans l’unité les hommes et les femmes du monde entier est la foi au Christ Sauveur et le baptême qui fait entrer dans l’Eglise et qui nous sauve de toute ségrégation. Je ne doute pas que les prêtres formés à Rome, mais aussi ceux qui ne sont pas formés à Rome mais qui y viennent en pèlerinage, reçoivent du Seigneur et de l’Eglise la grâce d’un cœur sacerdotal ouvert aux horizons immenses de la mission universelle de l’Eglise : « Allez de toutes les nations, faites des disciples… »

Que vous apprennent les séminaristes venus de la France entière sur la foi et les vocations dans notre pays ? Y a-t-il lieu d’être optimiste ?

Ils me montrent que la foi en France n’est pas morte ni en sommeil et que le Seigneur continue aujourd’hui d’appeler des hommes à sa suite pour devenir prêtres. Après la douloureuse période de la crise des abus dans l’Eglise de la part de membres du clergé, leur réponse à l’appel de Dieu est courageuse. Elle est le signe que le Christ est capable d’attirer à lui des hommes qui sont prêts à renoncer à tout pour lui consacrer leur vie dans le célibat pour la venue et l’extension du Royaume de Dieu. Les séminaristes ne sont pas rebutés par le petit nombre même s’ils aspirent à ce que d’autres jeunes aient le courage de se lever pour se mettre à la suite du Christ. Je suis admiratif de leur foi, leur détermination à aller de l’avant portés par leur désir de servir et une belle loyauté envers les formateurs que nous sommes. Plutôt que de parler d’optimisme, je parlerais d’espérance qui est une vertu théologale que Dieu infuse en nous afin que nous ne cédions jamais au découragement devant le petit nombre des appelés qui aujourd’hui ose répondre au Seigneur : « Me voici : envoie-moi ! » (Is 6, 8)

Pourriez-vous nous confier une de vos joies dans le ministère peut-être en lien avec votre mission actuelle de recteur du Séminaire français de Rome ?

L’une de mes joies est de pouvoir comme simple prêtre diocésain participer à la formation de prêtres bien enracinés dans le Christ, désireux de prendre leur part dans la vie de l’Eglise au sein de leur diocèse et donnant leur vie pour l’annonce de l’Evangile. La joie du Seigneur qui nous habite ici au séminaire devient vraiment une joie que je fais mienne et que je partage autour de moi avec naturel et simplicité de cœur. Alors que j’ai vécu 6 ans à Rome (1989-1995) comme séminariste puis comme prêtre étudiant, n’est-ce pas un appel à transmettre à mon tour ce que j’ai moi-même reçu ici et que j’ai approfondi ensuite au cours de mes 28 années de ministère. Ces séminaristes et prêtres étudiants m’aident à rester jeune alors que j’ai quelques années de plus qu’eux. Sans le savoir, ils me stimulent et m’encouragent à donner le meilleur de moi-même pour que s’approfondisse leur désir de devenir prêtre, à travers la formation et l’accompagnement que nous pouvons leur donner, malgré nos limites et nos pauvretés.

Père Olivier de Rubercy
interviewé par Valentine Faure

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(1) L’Eglise universelle

Par volonté du Seigneur, n’a pas de frontières. Elle n’est pas liée à un peuple ni à une nation. Tous, quel que soit leur origine ethnique, sont appelés à faire partie du Peuple de Dieu, qu’est l’Eglise catholique. Cette dimension universelle de l’Eglise est particulièrement présente et visible à Rome puisque depuis les origines et par volonté divine le Successeur de Pierre, aujourd’hui le Pape François, dont le Siège est à Rome, est le signe visible de cette unité. Cette universalité de l’Eglise peut se percevoir ailleurs qu’à Rome ; lorsque j’étais curé de Limay (2012-2015), la communauté paroissiale qui s’étendait sur 17 communes, rassemblait des paroissiens de multiples provenances. Celui qui fait notre unité n’est autre que le Christ, la Pierre angulaire de l’Eglise.

Photos : DR Séminaire pontifical français de Rome