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De retour de Lourdes – Interview de Mgr Luc Crepy


Notre évêque revient sur les grandes séquences de l’assemblée plénière des évêques de France réunie à Lourdes du 3 au 8 novembre 2023 : Des sujets graves comme le contexte international et les abus sur personnes vulnérables adultes mais aussi des sujets porteurs d’espérance comme les initiatives missionnaires et les suites du synode des évêques qui vient de s’achever.

Vous revenez de Lourdes… quel était le climat général de cette assemblée plénière ?

Une bonne ambiance, vraiment fraternelle. Les évêques sont heureux de se retrouver et de pouvoir partager bien des choses qu’ils vivent dans leur diocèse. Il y a bien sûr les liens d’amitiés entre les uns et les autres. Ajoutons aussi la joie de faire connaissance avec les nouveaux évêques ou les administrateurs diocésains en attente d’évêques !…

Vous avez évoqué et travaillé ensemble le thème de la Mission. Qu’est-ce qui vous a marqué dans vos échanges ?

S’il y a un fil rouge au cours de cette assemblée plénière des évêques, c’est bien le thème de la Mission : l’Eglise n’existe pas pour elle-même, elle est par nature missionnaire. Comment inscrire la vie de nos diocèses au cœur d’une dynamique d’annonce de l’Evangile pour le monde d’aujourd’hui ? Ainsi a été évoqué le rassemblement « Kerygma » qui s’est tenu, aussi à Lourdes, fin octobre (auquel a participé une soixantaine de diocésains de Yvelines) et qui a approfondi la manière dont le kérygme – le cœur de la foi chrétienne : le Christ mort et ressuscité – prend place dans nos initiatives pastorales. A travers les divers sujets abordés durant ces derniers jours, l’urgence de la Mission est demeurée très présente.

Vos frères évêques qui avaient été choisis pour participer au synode ont pu vous faire un retour : que retenez-vous ?

Aux dires des « anciens » ayant déjà participé à une telle rencontre, ce fut « le meilleur synode » par sa qualité spirituelle, sa dimension universelle, la diversité des participants, la qualité des débats où les diverses sensibilités ont pu s’exprimer. Cette première session du synode demande maintenant une suite : comment élargir à tout le Peuple de Dieu, en particulier, les pauvres, les jeunes et les prêtres, cette réflexion sur la synodalité ? Un approfondissement est nécessaire dans les mois à venir et il faudra y réfléchir dans notre diocèse.

Après avoir longuement travaillé ces dernières années sur la lutte contre les violences et agressions sexuelles sur mineurs, les évêques ont abordé la question des abus sur personnes majeures. Pourquoi ?

Cette question n’avait pas été suffisamment traitée. Il est donc nécessaire d’écouter les personnes victimes majeures lors d’agressions par des clercs, de pouvoir les accompagner dans un processus de reconnaissance et de restauration et de réfléchir avec elles le chemin possible de justice. Il est important que les nouveaux évêques puissent entendre – comme nous l’avons fait – le témoignage de personnes victimes et entrer dans une compréhension si nécessaire et toujours actuelle de ces abus.

Le contexte international (guerre en terre sainte, terrorisme, …) et national (loi immigration, montée de l’antisémitisme… ) a-t-il pesé sur vos travaux ?

La présence parmi nous d’évêques ukrainiens et arméniens – avec lesquels nous avons prié tout particulièrement – nous a constamment rappelé ces situations de guerre et de tant de souffrances, auxquelles s’ajoutent celles si douloureuses du Proche-Orient. Le contexte national avec les projets de plusieurs lois qui touchent à la vie et à la dignité des personnes constituent aussi une source d’inquiétude mais aussi un appel fort à faire part de nos convictions.

Les 50 ans du service national de relations avec les musulmans (SNRM ) vous ont donné l’occasion de faire un état des lieux de ces relations. Qu’avez-vous entendu de vos confrères et de ce service ? Cela rejoint-il ce que nous vivons dans les Yvelines ?

Le contexte actuel de guerre en Israël et en Palestine ravive fortement les questions de nos liens avec nos frères juifs et musulmans. Les relations avec les musulmans constituent un long chemin de dialogue, à la fois heureux et difficile, qui est toujours à construire, comme le pape François, lui-même, s’y est attaché ces dernières années. Les efforts pour un meilleur dialogue et une plus grande connaissance mutuelle sont partagés par de nombreux diocèses, comme le nôtre. La situation d’aujourd’hui nous invite à une grande vigilance pour chercher sans cesse une attitude et des propos justes qui prennent en compte la complexité de la situation.

Au-delà des sessions en hémicycle, ces quelques jours à Lourdes sont l’occasion de nombreux échanges informels avec vos frères évêques. Qu’est-ce qui vous marque aujourd’hui dans la vie des diocèses et de l’Eglise en France ? Dans quel état d’esprit sont les évêques de France ? Quelles sont leurs joies et leurs peines ?

Le climat de ces dernières années dans l’Eglise en France a été marqué très fortement par la lourde question des abus. Nous sommes maintenant dans une période « post-Ciase » où nous poursuivons nos efforts de lutte et de prévention. Nous pouvons approfondir ainsi d’autres sujets importants de la vie de l’Eglise, et le climat des diocèses s’en ressent. Se conjuguent des situations pastorales préoccupantes avec des renouveaux inattendus comme l’essor du catéchuménat dans la plupart des diocèses, tant chez les jeunes que les adultes. Il y a sûrement aussi un besoin d’approfondissement théologique et spirituel de la situation actuelle.

Revenez-vous avec de nouveaux projets ou de nouvelles idées pour notre diocèse ?

Au cours de cette assemblée, nous avons partagé – suite aussi à « Kerygma » – bon nombre d’initiatives pastorales, petites et grandes, qu’il sera bon de faire connaître dans le diocèse. Quand on regarde de près, chaque diocèse est un peu un laboratoire où s’inventent bien des initiatives et des projets qui manifestent combien l’Esprit est à l’œuvre !

Accéder à l’article reprenant les déclarations issues de la plénière de novembre 2023