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Le 17 juillet : Saint Fiacre à l’honneur à la Fête des Loges


Le jeudi 17 juillet prochain à 11h, la messe de saint Fiacre de la Fête des Loges – patrimoine immatériel des Yvelines – sera présidée par Mgr Étienne Guillet, évêque de Saint-Denis-en-France, en présence du Père Bruno L’Hirondel, curé de la paroisse Saint-Germain de Saint-Germain-en-Laye et du Père Benoît Chevalier, curé de Saint-Léger et responsable du pôle Charité et Mission du diocèse de Versailles. Découvrez l’histoire de ce saint et de la Fête des Loges !

Pour rappel, le jeudi 18 juillet 2024, Mgr Luc Crepy s’était rendu à la Fête des Loges de Saint-Germain-en-Laye pour honorer saint Fiacre, bénir les manèges et présider la messe sur la piste des auto-tamponneuses, en couleurs et en musique.

Un peu d’histoire

Au XIIIe siècle, saint Louis fit construire en forêt de Saint-Germain-en-Laye un rendez-vous de chasse près d’une chapelle dédiée à saint Fiacre. Plus tard, en 1652, le pape Innocent X décide de ranimer le culte de saint Fiacre et lui institue une confrérie dans la chapelle des Loges, qui devient alors rapidement un lieu de pèlerinage. Une procession, conduite par le curé de Saint-Germain, se met en place pour honorer saint Fiacre, moine irlandais, saint patron des jardiniers, maraîchers et fleuristes.

Au fil des ans, la manifestation se transforme en lieu de divertissement pour les pèlerins. La ville accueillait alors promeneurs et marchands pour une manifestation ponctuée de spectacles, jeux, bals et dîners. L’événement attirait de nombreux parisiens, déjà désireux de respirer l’air de la campagne. En 1893, la municipalité décide de passer de trois à dix jours de fête. Celle-ci prend officiellement le nom de Fête des Loges. Les premiers manèges s’installent pour le plus grand bonheur de visiteurs toujours plus nombreux. Depuis, en célébrant chaque année saint Fiacre, devenu également leur saint patron, les forains entretiennent la mémoire religieuse de l’origine de cette fête populaire.

Photos bénédiction de la statue et messe de la Saint Fiacre – 2024

 

Une fois les auto-tamponneuses rangées dans un coin de la piste, chaises, décorations florales, Notre-Dame de la Fête et l’autel prennent place. La messe de la saint Fiacre est un moment particulier où deux mondes se rencontrent : la grande famille des forains et ceux qui la célèbrent.

Pour matérialiser la présence du saint, une statuette de saint Fiacre est portée en tête de la procession sur une calèche dans les allées de la fête, où les stands sont bénis par le célébrant, jusqu’au stand des auto-tamponneuses où se déroule la messe. Cette statuette est conservée dans un oratoire situé sur l’esplanade des Loges, l’ancien oratoire placé sur un chêne ayant disparu.

 

Qui était saint Fiacre ?

Fiacre est né au début du VIIe siècle. On ne sait trop s’il était fils d’un roi d’Écosse, dont il refusa la succession, ou s’il venait d’Irlande où il était moine. Il passe en Gaule à la suite du grand mouvement religieux qui entraîne beaucoup d’Irlandais vers le continent. Il s’arrête à Meaux où il est accueilli par l’évêque, saint Faron, qui lui donne l’autorisation de s’établir comme ermite en forêt de Breuil.

Beaucoup de pauvres et de malades affluant à son ermitage, Fiacre demande à Faron un terrain qu’il pourrait cultiver afin de nourrir et soigner les pèlerins. Selon la tradition, l’évêque lui aurait fait don de l’espace de terre qu’il pourrait entourer d’un fossé en une journée. Laissant traîner son bâton derrière lui, Fiacre aurait vu le sol se creuser de lui-même et, comme il est en forêt, les arbres déracinés tomber de droite et de gauche. Une fois le terrain retourné avec sa bêche et les légumes plantés, Fiacre y ajoute des simples, plantes médicinales pour les malades, des arbres fruitiers et des fleurs. Il construit aussi un hospice pour les malades qui viennent à lui de tous les coins du pays.

C’est vers 670, un 30 août, que s’éteignit saint Fiacre au Breuil. Son souvenir perdure depuis. Pendant longtemps les jardiniers quatre-branches fêtaient pieusement l’anniversaire de sa mort et il fut associé à l’organisation de la profession horticole.

Ce moine à scapulaire et capuchon, l’air grave et parfois extatique, représenté tenant une bêche (symbole du travail) dans une main et un livre (symbole de l’Évangile) dans l’autre, est fêté le 30 août.

 

Saint Fiacre en Yvelines

Une autre Fête de saint Fiacre dans les Yvelines se tient en l’église Saint-Pierre de Montfort-l’Amaury à l’initiative de la Société d’Horticulture de Montfort et ses environs depuis 1932. Curieusement, une deuxième messe est célébrée quelques semaines plus tard dans une autre église du groupement paroissial. Cette année ce sera à 11h le dimanche 31 août à Montfort et à 18h30 le samedi 4 octobre à Saint-Léger-en-Yvelines.

Il y eut d’autres processions, comme en témoigne la bannière datée 1887, conservée dans l’église Saint-Nicolas de Maisons-Laffitte, et différentes représentations de saint Fiacre ornent les églises des Yvelines depuis le XVe siècle jusqu’à nos jours. Mais la disparition progressive des confréries de jardiniers et maraîchers rend aujourd’hui leur présence moins vivante. En voici quelques-unes :

  • Église Saint Antoine des Bréviaires, sculpture en bois du XVe siècle.
  • Deux vitraux du XVIe siècle : dans l’église Saint-Martin de Triel-sur-Seine, daté 1520, et dans l’église Saint-Pierre-Saint-Paul à Ablis, restauré en 1872 par l’atelier Lorin de Chartres.
  • À Saint-Arnoult-en-Yvelines, l’église Saint-Nicolas possède une sculpture en bois polychrome du XVIIe restaurée et classée.
  • Ensuite on saute au XIXe siècle avec une statuette en plâtre polychrome, conservée dans le presbytère de Louveciennes et une statue en plâtre dans l’église Saint-Nicolas de Maule.

On ne connaît le nom d’aucun des artistes qui ont œuvré, sauf pour le XXe et le XXIe siècles : la statuette des Loges, réalisée en 1957, serait due au dessinateur Georges Libault et la statue en pierre de l’église de Montfort, réalisée en 2009 en prévision de la fête du centenaire de la Société d’Horticulture en 2010, est signée Gino Trittoleno.

Dans ce département proche de Paris et néanmoins rural, l’intercession auprès d’un saint pour garantir et protéger les cultures fut une préoccupation présente dans nos églises. À Grosrouvre, au début des années 1920, lorsque l’Abbé Pascal demande à Pierre-Léon Dusouchet de peindre l’ensemble des peintures représentant la vie des habitants dans leur rapport à Dieu, il fait figurer au côté du Christ un saint protecteur des récoltes et, dans le narthex, une procession avec des bannières et cette légende : Les travailleurs des champs et de la forêt viennent offrir à Dieu les fleurs et les fruits de la terre.

Fêter un saint c’est tout d’abord reconnaître l’action de Dieu dans la vie d’une personne qui a mis ses pas dans les pas du Christ, vivant son Évangile. Le Pape François dans son encyclique Laudato Si’ a réveillé nos consciences face au grand défi de l’écologie. Notre terre, tel un jardin, nous est confiée, à nous d’en prendre soin en la respectant et en l’aimant.

Prière à saint Fiacre

Ô bon saint Fiacre à qui Dieu a donné le pouvoir de guérir les corps des hommes atteints par de vilains maux de toutes sortes, daignez intercéder pour nous auprès du Créateur Tout-Puissant, afin que notre corps rendu à la santé, puisse atteindre la gloire éternelle. Amen. (Prière extraite d’un manuel de pèlerinage)

 

Yvette Vibert