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Journée oecuménique consacrée au Concile de Nicée


Le 8 mai est une journée de formation et de réflexion œcuménique. Elle a été initiée à la suite du synode diocésain célébré en 2010-2011. Le thème de cette année “le concile de Nicée, année de son 1700e anniversaire” a rassemblé au Vésinet une centaine de participants, catholiques, protestantes et orthodoxes.

Les circonstances du Concile de Nicée

Le Père Emmanuel GOUGAUD développe les crises compromettant l’unité de l’Église avec des dissensions entre les disciples du Christ allant jusqu’aux  rixes, combats et affrontements.  Elles sont au nombre de trois : la crise donatiste, la date de Pâques, la divinité de Jésus.

Au II° siècle, l’Église a choisi de célébrer chaque année la fête de Pâques à une date proche de celle de la Pâque juive. Le concile de Nicée, en 325 a souhaité faire coïncider la célébration de la résurrection du Christ avec le retour du printemps, le premier dimanche suivant la pleine lune après l’équinoxe de printemps.

La crise donatiste, conflit majeur au sein de l’Église de l’Antiquité tardive, opposa deux conceptions de l’Église et de la foi chrétienne dans un contexte de persécutions violentes contre les chrétiens, organisées notamment sous l’empereur Dioclétien en 303-304. A la fin des persécutions, certains ayant abjuré demandèrent à être pardonnés et à redevenir chrétiens. La problématique d’alors qui avait failli conduire à un schisme est toujours éminemment actuelle : l’Église doit-elle être composée seulement de chrétiens parfaits et purs, prêts à être martyrs pour leur foi ou de tous les croyants, y compris les faibles et les pécheurs.

L’autre crise concernait la divinité de Jésus, initiée par le prêtre Arius, elle a fracturé la jeune Eglise dans les mêmes proportions que celle développée par le prêtre Donat.  À la suite du judaïsme et en continuité avec lui, le christianisme était déjà à l’époque un monothéisme absolu : il croit en un seul Dieu. Il professe également la divinité de Jésus, son fils unique, recueillant le témoignage des textes du Nouveau Testament. On le devine : la question s’est posée des rapports entre Dieu le Père et Dieu le Fils. Ce dernier est-il un être divin distinct au risque d’être un second Dieu ? Combinant la philosophie et l’évangile de Saint Jean, Arius a nommé cet être le Logos ; Fils de Dieu, créature parfaite et plus grande toutes, le Logos reste cependant une créature. Arius trouva de nombreux adeptes en Égypte, Palestine et Syrie, en particulier parmi les évêques mais aussi les chrétiens laïcs.

Le concile de Nicée est une réponse à ces crises de divisions : Les évêques présents au concile énoncèrent des critères de réintégration en indiquant clairement que l’Église est faite pour tous. Ils rédigèrent aussi le symbole de la foi en insistant sur la parfaite égalité entre Dieu et Jésus. Ils employèrent le terme Homoousios – consubstantiel – le Fils, un seul être avec le Père ! Ce mot nouveau n’existait pas auparavant. le Concile de Nicée créée un impossible pour mieux rendre compte de l’unité absolue entre Dieu Père et Dieu Fils.

Le symbole de Nicée se résume en une seule phrase : en Jésus-Christ, Dieu est entré dans l’humanité pour l’unir à lui ! Il nous rencontre en vérité ! Nous sommes vraiment unis à lui pour toujours !

Le Concile de Nicée comme un exemple pour trouver l’unité de l’Église

L’archiprêtre Serge SOLLOGOUB explique en quoi l’institution conciliaire permet encore à ce jour de retrouver l’unité et de surmonter les divisions, par le dialogue et la conversion.
En effet, le Concile de Nicée, nous a laissé plusieurs choses en héritage.

La première : le Credo qui permet de dire notre foi commune avec un même texte.

La définition de la date de Pâques permet à tous les chrétiens de célébrer la plus grande des fêtes, et le cœur de notre foi.

Enfin, le concile nous a laissé tout un ensemble de canons régissant la vie de l’Eglise, pour que celle-ci puisse glorifier Dieu de la meilleure des façons. Certains de ces canons sont directement liés à l’unité de l’église, quand ils expliquent comment accueillir les chrétiens qui se sont séparés, quand ils rappellent que les évêques doivent se retrouver deux fois par an, qu’il faut plusieurs évêques pour en ordonner un. Le 20e canon tente de généraliser la pratique de ne pas s’agenouiller le dimanche et entre Pâques et la Pentecôte à cause de notre foi commune en la Résurrection.

Actualité et enjeux du Symbole de Nicée aujourd’hui : une réponse protestante

Comme en 325, l’enjeu principal de la commémoration œcuménique du Concile de Nicée semble être pour la théologienne Dominique CAUDAL celui de l’unité, unité ou communion qui peut se vivre à plusieurs niveaux : personnel, à l’intérieur de mon Église protestante dans sa diversité, et enfin entre nos différentes confessions chrétiennes.

Au niveau personnel, il s’agit selon moi, de redécouvrir la centralité de la confession de foi trinitaire, qui se lit dans bien des textes de l’Évangile de St Jean, ou dans les kérygmes des Actes des Apôtres. Vivre cette centralité, c’est vivre chaque matin davantage la réalité de mon baptême dans le choix d’une vie où Dieu a la première place.

Au niveau intra-protestant, c’est aussi garder ce symbole comme clé de lecture centrale pour les différents textes bibliques : comme l’ont affirmé les réformateurs protestants, les symboles de foi se vérifient dans et par les textes bibliques : les Écritures constituent une norme fondamentale ; mais inversement, les symboles de foi des premiers siècles sont aussi une norme, une clé de lecture des textes bibliques, quelle que soit la grande richesse de nos différentes lectures ainsi complémentaires.

Au niveau inter-confessions chrétiennes, le symbole de Nicée-Constantinople rassemble autour d’une confession de foi commune, parfois exprimée dans des termes actualisés, les membres du Conseil Œcuménique des Églises, et du Forum Chrétien Mondial (dans une formulation plus « kerygmatique », plus simple et centrée sur Dieu Un et trois fois saint, et sur la vie, la mort, la résurrection de Jésus-Christ). De nombreux canons accompagnant le Symbole de Nicée, sont riches en questions qui pourraient être également reprises dans nos dialogues œcuméniques à venir.

Image : icône 2nd concile de Nicée  © Godong Julian Kumar