Logo diocèse de Versailles

Des archives qui témoignent de l’Eglise post-conciliaire


L’association Saint-Laurent a remis officiellement au service des archives un fonds unique de correspondances traitant de la transmission d’objets liturgiques et religieux sur une période de 35 ans. Un fonds précieux et émouvant, véritable témoignage d’engagement et de foi.

L’Association Saint-Laurent pour la sauvegarde et la répartition des objets du culte catholique a œuvré pendant 35 ans et permis une prise de conscience sur l’importance de ces objets. Ses archives, précieux témoignage de l’époque post conciliaire, ont été remises solennellement au diocèse le 21 mai 2019.

Au nom de Mgr Aumonier, je vous remercie de ce travail. C’est un cadeau formidable car l’inventaire des archives est très important  pour les générations futures, les chercheurs, pour l’histoire de l’Eglise et donc du pays.” s’est exclamée Christine Bouvet, responsable de la Gestion documentaire du diocèse.

Un petit train de dossiers symbolisant la transmission des archives entre l’Association St Laurent et la responsable de la Gestion documentaire

L’intuition et l’oeuvre de Noëlle Orsini

Anne Orsini, fille de la principale instigatrice et bénévole de l’association, explique comment sa mère à fondé cette association, “sur un coup de cœur – ou de sang ou de grâce… après une vente publique d’objets liturgiques”. C’était à Versailles en 1970, avec le soutien de Mgr Simonneaux, l’évêque d’alors.
Le constat de l’Association Saint-Laurent était qu’“il n’existait dans l’Eglise d’alors aucun organisme pour recueillir ce que le temps avait fait tomber en désuétude, ou la surabondance dans l’oubli. (…) La réforme liturgique supprimait l’usage de nombreux objets cependant que la recherche de dépouillement et le goût du renouveau mettait les autres en péril.”*
Noëlle Orsini  a donc commencé à récupérer des kilos d’objets et d’ornements devenus désuets. D’abord dans l’appartement familial puis dans une ancienne épicerie. “Je l’ai connue tellement agissante, témoigne sa sœur aînée. On ne la voyait plus : elle était tout le temps dans un camion à transporter les objets. Tout ce qui était consacré, elle le redistribuait dans des églises appauvries en France, en Afrique ou en Europe de l’Est. On ne se rendait pas bien compte à l’époque mais avec l’ouverture des archives, nous est apparu l’engagement simple et fou d’une mère de famille qui, fidèle à son intuition de sauvegarde d’un patrimoine religieux en déshérence, à quasi mené une double vie.” Après le décès de Noëlle Orsini, son mari continua à tenir le secrétariat de l’association jusqu’en 2005.

Une correspondance émouvante

Anne Orsini et Mgr Aumonier

Il y a 6 ans, sa fille Anne a souhaité ouvrir les archives de l’association.
“En commençant ce travail, je pensais découvrir des perles se souvient Anne Orsini avec émotion. J’ai surtout trouvé les lettres de ma mère. Des lettres merveilleuses… Cette femme laïque traitait avec des prêtres, des évêques, des fidèles avec une grande clarté et une solidité remarquable malgré les courants contraires qui agitaient l’Eglise post-conciliaire. Des milliers d’objets ont transité dans ses mains. Toute la journée elle partait et la nuit, elle tenait correspondance.” En remettant très officiellement ces archives, témoins d’une époque, mais aussi tenant une place centrale dans la vie d’une famille entière, Anne Orsini a eu “l’impression singulière d’avoir déposé… une graine, un concentré d’avenir… sur le seuil de l’Eglise.”

Chantal Courtois, responsable du service d’Art sacré a précisé que les Commissions d’Art sacré avaient depuis réalisé un inventaire des objets de cultes présents dans chaque diocèse : “Nous avons un rôle de veilleur sur ces objets qui ont une âme ; Il ne faut jamais en perdre la dimension spirituelle et liturgique.

Un lien tissé autour de ces lettres

22 personnes ont rejoint Anne Orsini dans son entreprise, dont son père, triant, reclassant, informatisant, dictant, tamponnant et conseillant. “Avec une vigilance scrupuleuse, tout a été visité, lu et parfois noté, tout a été accueilli.
Un véritable lien s’est tissé à travers les époques mais aussi entre les membres de l’association. Comme en témoigne dans son discours Marie-Solange, une des bénévoles : “Lire les demandes d’objets de culte, réaliser les besoins de certains membres de l’Eglise dans les années 70, et aussi découvrir les réponses écrites de par sa main : tout cela m’a touchée. Apôtre en son temps, ces archives font d’elle, encore aujourd’hui, un témoin. (…) Merci Anne pour ce chemin parcouru, beaucoup plus large que nos chemins personnels. Merci à l’Eglise de Versailles d’accueillir aujourd’hui ces archives qui sont un pan de la vie de l’Eglise en France. Merci pour cette réunion officielle aujourd’hui et qui est aussi une réunion habitée par l’amitié et par l’Esprit Saint.”
La réunion s’est terminée par la messe à l’évêché célébrée par Mgr Aumonier et animée par Etienne Orsini, fils de Noëlle Orsini.

Le fonds portera le nom de “Fonds Saint-Laurent” ; il sera consultable sur place, aux archives de l’Evêché.

Valentine Faure

 

* du Bulletin périodique de l’Association Saint-Laurent – octobre 1970. Déclaration à la préfecture des Yvelines :

But : Assurer la sauvegarde des objets du culte catholique, notamment des vases, vêtements et autres objets nécessaires pour le Saint-Sacrifice de la Messe et pour cela le Sacrement de l’Eucharistie et, à cette fin, entreprendre, en recherchant pour cela l’accord des autorités religieuses compétentes, toute action utile pour les soustraire à toute profanation, même éventuelle.

Autres articles sur le même sujet :