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Accompagner et visiter les malades : une question de charité


Responsables des visites aux malades en paroisse, aumôniers à l’hôpital, elles témoignent de l’organisation d’un service qui s’ajuste à chaque personne, de ce qui les anime pour répondre avec tant de tact et de disponibilité à cette mission d’Eglise.

Aux Mureaux, explique Christiane Robeiri, “nous sommes une douzaine de bénévoles visitant en binôme, une fois par mois, les personnes malades et isolées qui en ont fait la demande ou nous ont été signalées. Cette visite est très attendue, ce sont souvent d’anciens paroissiens qui nous demandent des nouvelles des uns et des autres. C’est leur seul lien avec la communauté ; ils ont besoin de vivre et de partager leur foi. On échange, on prie ensemble, parfois ils demandent l’Eucharistie.
Tous les mois et demi, nous avons un temps de relecture en équipe et certains d’entre nous ont pu suivre une formation de la Pastorale de la Santé.
Pendant des années je m’étais demandé pourquoi l’Eglise priait autant pour les malades, ce que c’était un malade. Je voulais une réponse ! C’est à Lourdes où j’aidais en chambre pour l’Hospitalité lors d’un pèlerinage diocésain que j’ai compris : les malades, ce sont des personnes comme moi, ni plus, ni moins. Elles ont besoin d’être regardées et considérées comme des personnes ordinaires. Cela m’a donné envie de faire des visites. C’est un engagement régulier qui parfois s’additionne à une journée de travail bien remplie ; on voudrait faire plus mais c’est déjà ça. Aller les voir, leur parler, les écouter, les toucher aussi.. pour moi cela coule de source.”

Au Chesnay-Rocquencourt, Nathalie et Marie-Françoise expriment en synthèse le sens de leur action  : “Le service évangélique des malades manifeste l’attention de notre communauté aux personnes malades ou âgées qui ne peuvent plus venir à l’église. Nous leur apportons la communion, pain de Vie éternelle et unité entre nous tous. Chez ces personnes qui demandent avec humilité notre aide fraternelle, ce n’est pas d’abord la fragilité, la maladie ou le handicap que nous voyons  : c’est l’amour et la joie que nous recevons à travers leur sourire et leur gratitude.
En maison de retraite, même au milieu de moments parfois douloureux, la paix et un réconfort chaleureux donnés dans la prière aident à maintenir la lueur de l’espérance, voire à faire jaillir la Lumière. C’est à travers les gestes et les paroles simples des bénévoles que l’Évangile du Christ peut être accueilli jusqu’aux derniers moments de la vie. Nous sommes bouleversées par le désir des personnes que nous visitons et par la charité de celles qui discrètement et fidèlement rendent ce service.  »

A Saint-Germain en Laye,  Delphine de Parcevaux coordonne le service évangélique des malades qui compte 38 bénévoles pour visiter près de 90 personnes en maisons de retraite, à la clinique ou à domicile. Le SEM fait le lien avec le service “Eglise en ville”, avec les aumôneries des hôpitaux proches et avec les équipes Saint-Vincent pour proposer un accompagnement ajusté au malade et à la famille. Les bénévoles reçoivent une formation de base, puis régulièrement des formations proposées par la Pastorale de la Santé du diocèse. A la clinique de Saint-Germain, une équipe d’une dizaine de personnes en binôme visite chaque semaine la totalité des chambres. Aux Hespérides, les bénévoles sont eux-mêmes des résidents ! LE SEM organise les visites des quatre prêtres de la paroisse une à trois fois par an, pour les malades qui le souhaitent. Et aussi souvent que nécessaire, ils vont donner le Sacrement des malades à domicile pour les plus fragiles. Le père Etienne Taupin, prêtre retraité en service, célèbre la messe une fois par mois dans deux  des maisons de retraites.
Dans cette mission, il y a une grande part de mise en relation, d’anticipation et d’organisation, la maladie ne connait pas les vacances et il y a souvent des urgences : les visites sont trop attendues pour ne pas avoir lieu, on ne peut pas décevoir les malades. On s’appuie les uns sur les autres et on prie beaucoup pour discerner comment agir, comment être à sa place ; sans heurter ni le malade, ni les familles.
Ayant moi-même expérimenté la souffrance et la maladie les premiers temps de cette mission, j’ai eu beaucoup de temps pour prier et pour mesurer à quel point on pouvait avoir soif du Seigneur, à quel point il pouvait être capital de recevoir l’Eucharistie, se confesser, recevoir le Sacrement des malades. Nous donnons l’Eucharistie à tous les malades qui le demandent, mais certains malades souhaitent cheminer vers le Seigneur, revenir vers lui, c’est alors un accompagnement spirituel qui prend place dans un premier temps…. Plusieurs personnes ont reçu une formation pour porter L’Eucharistie dont parfois les conjoints des malades. Grâce aux sœurs Augustines et aux Carmélites qui sont très proches et nous confient l’Eucharistie, la Sainte communion peut être aussi donnée en semaine parfois.”

Brigitte Saint-Martin est aumônier de l’hôpital de Plaisir en collaboration avec Brigitte Rosset et le père André Meyne prêtre au service de l’hôpital qui compte 900 lits, répartis au sein de l’hôpital de soins et dans les maisons de retraites, foyers de vie pour personnes handicapées ou personnes atteintes de troubles psychiatriques, pavillon alzeimer. Elle visite les malades et organise au sein d’une équipe de 60 bénévoles (dont 25 visiteurs), des  visites pour toutes les personnes qui le souhaitent, qu’elles soient croyantes ou plus éloignées de la foi.Elle accompagne aussi les familles et malades en lien avec une équipe de soins palliatifs mobiles. Certains bénévoles animent la messe dominicale, d’autres accompagnent des malades pour leur permettre, le dimanche de venir  prier en église et recevoir l’Eucharistie.
Certains résidents sont là depuis des années et sans autres visites que celle de l’aumônerie. Il y a un accompagnement personnalisé,  un ajustement aux besoins, une fidélité au long court de l’accompagnant. “On se retrouve en début d’après-midi pour prier ensemble avant d’être envoyés auprès des malades. Une fois par mois, nous avons la messe, et un temps de relecture à la lumière des Evangiles ; c’est Jésus qui nous envoie en mission. Tous les ans, nous emmenons des malades au pèlerinage diocésain à Lourdes ; je suis touchée par cette confiance que nous font les personnels hospitaliers. Ce sont eux aussi qui souvent nous demandent d’accompagner les personnes, notamment  en soins palliatifs . Ce sont des moments très intenses de relecture de vie. Certains redécouvrent la prière, petit à petit renouent avec les sacrements. On s’ajuste, on laisse à chacun la liberté de son chemin de foi. Il y a toujours des interrogations : pourquoi telle personne, pourquoi telle maladie, quelle perception de nos visites,… beaucoup de mystère. Certaines rencontres nous bouleversent. L’essentiel est de tout remettre à Dieu, savoir être là quand il le faut et comme il le faut ; ne pas tout prendre sur soi, il n’y a que Jésus qui sauve.”

 

Le Père Thierry Faure, opéré au mois de décembre a pu expérimenter le réconfort de l’attention charitable portée aux malades : “La souffrance trouve sens par la charité qu’elle permet, (pour moi proximité nouvelle, enfin plus seulement intellectuelle), avec les soignés et soignants, là à Villejuif. Mais aussi charité reçue de nos proches, de l’aumônerie, des soignants, des paroissiens, des frères prêtres, et charité donnée à nos proches, à nos voisins de chambre, à nos visiteurs, à nos correspondants, pour les sujets de l’actualité auxquels on se rend plus attentifs, par la télévision regardée comme jamais avant … même pour un non-croyant cette charité reçue et donnée, est fondamentale et me paraît vitale pour la traversée de la souffrance ou de la maladie”

Propos recueillis par Valentine Faure

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