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Pastorale des prisons : comment garder le lien malgré le confinement ?


Françoise et Gabriel sont aumôniers de prison dans les Yvelines Ils témoignent des parades trouvées pendant le confinement pour rejoindre les femmes et les jeunes incarcérés, notamment par la communion de prière et le courrier.

Rejoindre les femmes de la Maison d’arrêt de Versailles

J’étais en prison et vous êtes venus à moi….(Mt 25, 36)

Ce court verset extrait de l’évangile de Matthieu a pesé lourd dans ma décision d’accepter la mission d’aumônier de prison ! Car j’entre en prison avec la conviction intime que, dans la rencontre avec les femmes de la maison d’arrêt de Versailles, c’est le Christ qui m’attend ; et que,dans la confiance reçue du baptême qui m’a agrégée au Christ, elles peuvent, à travers nos rencontres, percevoir la présence du Christ à leurs côtés, en prison.

Le courrier postal, seul lien avec l’extérieur

Oui, c’est bien beau tout cela mais c’était sans compter sur le surgissement de ce fichu virus couronné qui nous a tous pris par surprise ! Comment dès lors, accompagner ces femmes confinées dans cet espace dont l’essence même est d’être clos ? Pour les joindre, pas de téléphone, ni de SMS, pas de courriels non plus…

Avec ma co-équipière Chantal, nous avons donc fait le choix d’adresser un courrier personnel à chacune des femmes détenues que nous rencontrons lors d’entretiens individuels et à l’occasion des messes dominicales régulièrement célébrées à la maison d’arrêt des femmes de Versailles. En fonction de ce que nous savons de l’histoire particulière de chacune, de son environnement familial, de ses attentes, de son chemin de vie et de foi, nous avons cherché les mots qui peuvent encourager, relever, donner la petite impulsion dont nous espérons qu’elle lui permettra de continuer à avancer pour traverser ce que nous imaginons de l’épreuve du confinement dans un environnement carcéral.

Il y a probablement quelque chose de l’ordre d’une Pâque (d’un passage) dans ce qu’elles vivent en ce moment…Nous les avons vivement encouragées à persister à prier avec les psaumes – forme de prière qu’elles pratiquent quotidiennement pour beaucoup d’entre elles- car ils rejoignent de façon saisissante les supplications et louanges qui jaillissent de leur cœur vers Dieu. Nos lettres ont été confiées à la Poste dans l’espoir qu’elles arrivent à chacune…Cela m’a un peu donné l’impression de jeter une bouteille à la mer, mais avec la sérénité d’avoir fait mon tout petit possible en sachant que Dieu se charge de l’impossible !

Le soutien de la prière

Un autre soutien est apporté à toutes ces femmes à travers la prière, non seulement notre prière d’aumôniers mais aussi celle de beaucoup d’autres priants qui les portent fidèlement, parfois depuis longtemps. C’est toute une communauté de baptisés, laïcs et prêtres, qui est en communion fraternelle et spirituelle avec la communauté ecclésiale de la maison d’arrêt des femmes de Versailles…Elles le savent et sont toujours profondément touchées de réaliser que, hors les murs, des personnes qu’elles n’ont jamais rencontrées et ne rencontreront probablement jamais, les portent dans la prière. Elles sont souvent stupéfaites de réaliser ainsi qu’elles ont du prix aux yeux du Seigneur ! Tout homme est une histoire sacrée…

Dans cette prière quotidienne, au cours de laquelle je confie également tout le personnel pénitentiaire au Seigneur, la présence physique de chacune remonte à ma mémoire ainsi que tout l’environnement sensoriel de la détention…J’ose espérer que peut-être, leur prière les aide à « s’évader » un peu de leur cellule comme la mienne me fait entrer en détention avec elles !

Enfin, puisque malheureusement nous n’avons pu célébrer ni la Semaine Sainte, ni la fête de Pâques avec elles, nous avons préparé une feuille qui, outre un vitrail de la Croix et un autre de la Résurrection, leur proposait l’Evangile de la Résurrection proclamé lors de la Veillée Pascale, une courte méditation, un chant pascal et l’annonce de la Résurrection dans six langues. Les relations avec la direction de la prison et l’ensemble du personnel pénitentiaire étant très respectueuses et paisibles, nous avons pu envoyer cette feuille par courriel afin qu’elle soit imprimée et distribuée aux femmes concernées en début de Semaine Sainte.

Pour conclure, je reviens au verset de Matthieu qui nourrit ce temps de confinement et me permet de vivre pleinement le « jeûne » de la rencontre avec les femmes détenues… Je crois en effet du plus profond de mon être que le Seigneur, qui nous précède toujours auprès de ceux vers lesquels Il nous envoie, «  est à l’intérieur, Il est là… comme l’exprimait le Pape François dans son discours aux participants au Congrès national des aumôniers de prisons italiennes, 23 octobre 2013, aucune cellule n’est assez isolée pour exclure le Seigneur, aucune ; Lui est là, il pleure avec eux, il travaille avec eux, il espère avec eux. »

Françoise

Rejoindre les jeunes de l’établissement pour mineurs de Porcheville

Quelques nouvelles ! Au début nous n’avions pas de nouvelles. Puis par un journal local nous avons appris qu’il y avait eu des libérations et aussi un accident de la route concernant une secrétaire administrative de l’EPM.

Nous avons envoyé des courriers à nos jeunes du groupe biblique. Nous avons appris par la presse que le Covid était entré à Porcheville : un jeune et un surveillant… au moins.

Puis nous avons pu reprendre les visites mais au parloir. Les jeunes se sont inquiétés pour les gens dehors « plus exposés ». Les infirmières ont soigné et rassuré les jeunes et le personnel.

La période a été globalement calme, mais on ne sait jamais tout !

Quelques jeunes ont prié individuellement, lu les psaumes. Ils ont bien lu nos lettres mais n’avaient pas les mots pour nous répondre.

Gabriel

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