
Vivre le deuil dans les villages des Yvelines Des histoires communes à réinventer ?
Des membres d’équipes d’accompagnement des familles en deuil, des prêtres et des diacres se sont retrouvés aux Essarts-le-Roi, pour échanger sur la manière dont nous vivons en monde rural les célébrations de funérailles, lieu et moment intense de la vie paroissiale dans les villages.
Trois témoins ont démarré cette matinée du 14 mai 2025 : Marie Le Moal (Ablis), longtemps formatrice diocésaine pour les équipes deuil, Alain Leclerc (Limay Vexin), célébrant laïc des funérailles, ancien cadre de pompes funèbres, Bénédicte Fillère (cadre d’une entreprise de pompes funèbres ayant travaillé dans différents départements français) ont montré, à partir de leurs expériences personnelles, combien le deuil a une place particulière dans nos villages.
Spécificités des funérailles en milieu rural
En milieu rural, tout le monde se connaît, il y a moins d’anonymat. Parfois les églises sont même trop petites alors qu’en ville, les assemblées peuvent, lors de certaines célébrations d’obsèques être très réduites. Lorsque tout le monde connaît tout le monde, tous, même s’ils ne font pas partie de l’équipe d’accueil des familles en deuil, sont des relais d’information. La dimension humaine, voire amicale, y joue beaucoup : les commerces sont des points de contact, surtout lorsqu’ils sont ambulants, certains artisans, de père en fils, participent à l’entretien des églises, du presbytère ou de la salle paroissiale.
L’accueil des familles s’en trouve parfois facilité. C’est d’autant plus important que le deuil peut être un moment de tension, d’exaspération de ces tensions, d’animosité, de rupture, de silence, où les gens sont à nu, tout est plus vrai, on ne triche pas avec la mort. Les familles en deuil ont besoin d’un passeur entre foi de l’église et la famille, entre douleur du présent et espérance. Être célébrant c’est être une présence d’Église au cœur de la vie des gens. Les équipes doivent donc écouter ce que les gens disent et ce qu’ils ne disent pas. Une famille attend d’être entendue, dans le respect de ses valeurs.
Lire le témoignage de Marie Le Moal
L’église n’est pas un lieu, mais un repère
Il ne faut pas hésiter à demander aux familles, lorsque l’on prépare, quel geste elle aimerait manifester. Celui qui célèbre peut inventer des gestes inventés non pour faire du nouveau mais pour rejoindre les gens là où ils sont dans leur quotidien. Tout cela est plus facile à déployer en milieu rural. On poursuit, en église puis au cimetière, le chemin commencé ensemble dans la préparation de la célébration.
Trois ateliers pour approfondir : « Les funérailles, moment d’évangélisation », « Faire prendre conscience à la communauté paroissiale de l’importance de la mission d’accompagnement des familles en deuil », et « De quelle manière les funérailles chrétiennes s’insèrent, créent du lien, dans la vie locale des villages ». Ils ont permis aux participants d’échanger et d’approfondir ce qui avait été apporté par les témoins. Plusieurs maires ou conseillers municipaux présents à cette rencontre ont vu l’importance que pouvait prendre pour la vie de tout un village le dynamisme des équipes d’accompagnement des familles en deuil.