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Le sens chrétien du jeûne


Il est l’un des trois piliers, avec l’aumône et la prière, qui soutient notre chemin de conversion pendant les 40 jours du carême. Quelques pistes pour en mieux comprendre la valeur et pour le vivre en communion avec le Christ.

Le sens du jeûne

Le jeûne est un moyen pour être vraiment homme, c’est-à-dire, pleinement ressemblant au Christ : c’est un chemin de disponibilité et de liberté intérieure. Comme l’affirmait Benoît XVI : « Le jeûne chrétien doit être un acte libérateur ».

Une ascèse chrétienne

Le jeûne a pour but de surmonter ce qui est mort en nous pour laisser se déployer la Résurrection. « Ne savez-vous pas que dans les courses du stade tous courent, mais un seul remporte le prix ? Courez donc de manière à le remporter. Tous les lutteurs s’imposent mille privations, mais eux pour une couronne périssable, nous pour une couronne impérissable » expliquait Saint Paul aux premières communautés chrétiennes.  (1 Co 9, 24-25).

Le jeûne permet donc de revenir à Dieu, de renouer une relation intime avec le Père pour autant qu’il est vécu dans le secret comme nous l’avons entendu dans l’évangile de la messe des Cendres (Mt 6, 16-18). Loin d’être un exploit spirituel fondé sur l’orgueil, le jeûne est une offrande de nous-mêmes : « Le sacrifice en sa totalité, c’est l’offrande de nous-mêmes » affirme saint Augustin.

Dieu cherche notre point faible pour y déployer sa grâce. «  Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un esprit brisé » (Ps 50, 19) chante le psalmiste et Saint Paul le rappelle : «  Ma grâce te suffit, car c’est dans la faiblesse que ma puissance donne toute sa mesure » (2 Co 12, 9).

Un chemin de guérison

Le jeûne n’est pas un mépris du corps, ni de la nourriture qui sont des dons de Dieu, comme nous le disons dans la prière du Bénédicité. En revanche, il peut nous aider à porter un regard plus juste sur les biens en nous guérissant de l’avidité : le désir de posséder toujours plus et dans l’immédiat n’est rien d’autre qu’un écho du péché originel.
Le jeûne invite à contrôler la violence de nos appétits et des addictions qui nous rendent esclaves, « car on est esclave de ce qui nous domine » (2 P 2, 19).
Si dans le désert le Christ n’a pas cédé, malgré la faim, à la tentation du pain, c’est parce qu’il était en communion avec son Père. C’est donc un combat spirituel qui nous est proposé : «  L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Mt 4, 4).

Différentes formes de jeûne

Différentes formes de jeûne s’offrent à nous : jeûne de nourriture bien sûr, mais aussi de jugements et de paroles inutiles, de mensonges et de bruit, de réseaux sociaux, d’ordinateur et de télévision…
Jeûne de tous ces esclavages du quotidien qui nous font perdre un temps qui pourrait être donné à l’Amour, qui nous replient sur nous-mêmes au lieu de nous ouvrir aux autres.
On peut aussi jeûner de l’Eucharistie ! Vers la fin de sa vie, saint Augustin se privait parfois de communion par solidarité avec les pécheurs. Jeûner de l’Eucharistie peut nous aider à saisir la souffrance de nos frères qui ont faim de Dieu et qui ne sont pas nourris, du fait de la maladie, l’éloignement….

Le jeûne, lié à la prière et à l’aumône

Le jeûne est indissociable de la prière et de l’aumône. Dans une attitude de foi et d’humilité, il ouvre les cœurs au prochain et à l’amour de Dieu. Dans la Bible, le jeûne est souvent accompagné de prières suppliantes comme celle de David devant son fils malade.
Le jeûne crée en nous une faim de la Parole de Dieu ; il a pour but de nous faire manger la vraie nourriture qui est l’écoute de la Parole autant que l’Eucharistie. Dans son message de carême de 2009, Benoît XVI écrivait que « le jeûne nous est offert comme un moyen pour renouer notre amitié avec le Seigneur », une amitié qui ne peut passer que par la prière et la méditation de la Parole.

Le jeûne est un appel de tout chrétien à «  ne plus vivre pour soi-même, mais pour Celui qui l’a aimé et s’est donné pour lui, et… aussi à vivre pour ses frères » (Paul VI).

(D’après une conférence du P. Etienne Maroteaux)