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Laudato Si : une clé de lecture


Le Pape François propose un véritable manifeste pour une écologie humaine et globale, fondée sur la loi naturelle et fuyant l’anthropocentrisme dévié, ainsi que le relativisme.

Le Saint Père invite les chrétiens à une démarche de conversion pour placer Dieu au centre de leurs vies.

Ce qui se passe dans notre maison

La terre, maison commune de l’humanité, se dégrade, du fait d’un changement des modes de vie, rapide et mal maîtrisé par l’homme. Il s’agit maintenant de prendre conscience de cette situation, « d’oser transformer en souffrance personnelle ce qui se passe dans le monde, et ainsi reconnaître la contribution que chacun peut y apporter » (19). La terre se dégrade du fait de la pollution, de la culture du déchet, des changements climatiques provoqués par l’action humaine, de la perte de la biodiversité. La qualité de vie des hommes est soumise à la dégradation sociale et éthique qui affecte en premier les plus pauvres. Soumise à la « joyeuse irresponsabilité » (59) des hommes, notre maison se détériore. Pourtant elle est nôtre, non seulement parce que nous l’habitons en commun, mais aussi parce que nous l’avons reçue de notre Père, créateur de tout l’univers.

Une triple rupture

Le récit biblique de la création nous enseigne que Dieu a créé par amour un monde bon. A la tête de la création, il a placé l’homme, créé à sa ressemblance, pour « cultiver et gérer le jardin du monde » (67). La terre appartient à Dieu, l’homme en est responsable. Cependant, si l’existence humaine repose sur trois relations : avec Dieu, avec l’homme, avec la terre, ces trois relations vitales ont été rompues. Cette rupture est le péché. Loin du modèle de l’harmonie prêché par Saint François, le péché « se manifeste avec toute sa force de destruction dans les guerres, sous diverses formes de violence et de maltraitance, dans l’abandon des plus fragiles, dans les agressions contre la nature » (66).

« Tout est lié »

L’interdépendance des créatures est voulue par Dieu et en leur sein, la place de l’homme se caractérise par sa responsabilité vis à vis de la nature, inséparable « de la fraternité et de la justice ainsi que de la fidélité aux autres » (70). Et, puisque « tout est lié », cette préoccupation s’étend à l’amour sincère envers les êtres humains, à un engagement constant pour les problèmes de la société (91), au rejet de la notion d’autonomie de l’homme (117), à la protection de l’embryon ou de l’enfant à naître (120). Il convient de viser une « écologie intégrale » (137), qui doit être sociale et institutionnelle (142), culturelle (143) et s’insérant dans la vie quotidienne (147 & ss.).

L’écologie humaine implique la relation de la vie de l’être humain avec la loi morale inscrite dans sa propre nature. Cela conduit à rejeter l’attitude prétendant effacer la différence sexuelle (155). Elle est inséparable de la notion de bien commun qui présuppose le respect de la personne humaine et exige le bien être social. Elle requiert la paix sociale, l’appel à la solidarité et l’option préférentielle pour les pauvres (157-158). La solidarité s’applique aussi aux générations futures.

Rejeter la conception magique

Fort de la conviction que les problèmes ne se résoudront pas magiquement par accroissement des bénéfices des entreprises et des individus (190), le Pape François propose des pistes d’action politiques, devant prendre la forme d’un consensus mondial pour que la politique et l’économie se mettent résolument au service de la vie (189). Il ne s’agit pas de conserver un juste milieu, mais de redéfinir le progrès pour qu’il vise un monde meilleur et une qualité de vie supérieure (194).

Un appel à la conversion

Le Pape invite les chrétiens à une conversion intérieure, « conversion écologique qui implique de laisser jaillir toutes les conséquences de leur rencontre avec Jésus-Christ sur les relations avec le monde qui les entoure » (217). Une méditation sur les sacrements et en particulier l’Eucharistie, « dans laquelle la création trouve sa plus grande élévation » (236) doit les inviter à être gardiens de toute la création.

En attendant les fins dernières

En attendant le sabbat de l’éternité, « nous nous unissons pour prendre en charge cette maison qui nous a été confiée, en sachant que tout ce qui est bon en elle sera assumé dans la fête céleste » (244). Loué soit le Seigneur.

Philippe de Pompignan – le 03.07.2015