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La démarche du pèlerin


Faire un pèlerinage c’est évidemment partir de chez soi et refaire la démarche d’Abraham. Il s’agit de partir pour répondre à l’appel du Christ : « Viens et suis-moi ». Cela prépare spirituellement à la rupture de la mort et l’ouverture à l’inconnu...

pèlerinage

Partir

Partir, pour un chrétien, c’est répondre à l’invitation du Christ qui ne cesse de redire : « Viens… »

Partir en pèlerinage c’est se désinstaller et partir vers d’autres lieux, vers d’autres cieux, vers d’autres gens : c’est s’ouvrir à l’inconnu et à la nouveauté.

Abraham est devenu le père des croyants parce qu’il a répondu positivement à la Parole de Dieu qui lui disait : « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père pour le pays que je t’indiquerai ».

Partir n’est pas fuir : par peur des responsabilités et pour leur échapper. Partir c’est marquer une rupture avec les habitudes qui enferment, pour donner du champ et du recul et pour  assouvir sa soif de découvrir autre chose.

 

Cheminer

Cheminer est une démarche physique et spirituelle : l’investissement du corps entier, le désencombrement, au profit de l’essentiel, pour aller vers la rencontre de l’inconnu ; ce n’est pas uniquement cheminer intérieurement. La marche oblige à s’investir tout entier : non seulement avec le cœur mais aussi avec le corps. Et la foi ne nous vient pas seulement par la tête mais aussi par les mains, par les pieds…

Marcher, c’est se débarrasser de ce qui n’est pas essentiel et c’est aussi s’en remettre, pour survivre, à l’imprévu des rencontres.

La route est, par excellence, le lieu de la rencontre des autres et du Seigneur. Ainsi, dans saint Luc : la route de Jérusalem à Jéricho dans la parabole du bon Samaritain, la route d’Emmaüs pour les disciples découragés, la route pour l’Ethiopien en recherche, la route de Damas pour Saul.

En matière de cheminement, deux références sont fondamentales : l’Exode d’Israël à travers le désert, les déplacements de Jésus culminant dans son chemin de la croix.

 

Demeurer

Ce verbe rappelle que le pèlerin doit savoir rester dans le sanctuaire, dans l’écoute, la prière, et le silence. C’est là qu’il se ressource.

« Que cherchez-vous ? » demande Jésus à ses premiers disciples. « Rabbi, où demeures-tu ? » questionnent-ils à leur tour. « Venez et vous verrez » leur répond Jésus. Et Jean poursuit : « Ils allèrent donc, ils virent où il demeurait et ils demeurèrent auprès de lui ce jour-là ».

« Voir » : il s’agit d’ouvrir ses yeux, ses oreilles, son esprit, son cœur pour se laisser prendre.

« Demeurer » : il s’agit de tenir et de durer dans cette proximité et cette écoute.

 

Le séjour dans le sanctuaire correspond à une quadruple préoccupation :

  • prendre le temps de rompre avec l’agitation ambiante,
  • écouter une parole et l’accueillir comme Parole de Dieu,
  • évoquer et invoquer : évoquer la grande histoire du Salut, invoquer Celui dont on croit qu’Il est présent.
  • faire déjà l’expérience du “repos” que l’on présente comme le terme de la route.

 

Repartir

Le pèlerinage est un moment important (moment de ressourcement et d’édification) mais il doit renvoyer au quotidien de la vie. En effet, le temps n’est pas encore venu pour le pèlerin de rester sur la montagne. Il lui faut redescendre comme ont dû le faire Pierre, Jacques et Jean après la Transfiguration.

« Vous cherchez Jésus le Crucifié. Il n’est pas ici. Il est ressuscité… Allez dire à ses disciples qu’Il vous précède en Galilée ». Le Christ renvoie les pèlerins vers la Galilée, ce monde ambigu où coexistent le meilleur et le pire, ce monde souvent éloigné de la foi. Aller en Galilée c’est accepter d’entrer dans la mission de Jésus lui-même, c’est redire à sa suite : « Le Règne de Dieu est proche : convertissez-vous et croyez à l’Évangile », c’est annoncer le Règne comme Il l’a fait par des gestes, par des signes et par des paroles.

 

Le pèlerinage débouche sur la mission. Et, normalement, il doit aider à s’y engager sans peur.